Tournage Netflix à Sainte-Agathe | Les « greens », créateurs de paysages éphémères
Plusieurs ont remarqué que la rue Saint-Vincent à Sainte-Agathe-des-Monts avait été décorée aux couleurs des Fêtes pour le tournage du film Single all the way de Netflix, qui s’est déroulé les 31 mars et 1er avril. Pour l’occasion, nous nous sommes entretenus avec le chef-paysagiste en cinéma qui a créé ces décors.
Dylan Lafrenière exerce ce métier méconnu depuis maintenant près de 20 ans. Aussi appelé « greens » en anglais, il s’agit d’une spécialisation qui a pris son envol au début des années 2000 dans la province, devant l’augmentation des tournages américains en sol québécois. En effet, nos voisins du sud avaient déjà recours à cette expertise en botanique pour leurs productions tandis qu’ici, cette tâche était encore confiée aux décorateurs.
Quant à lui, Dylan a intégré le milieu grâce au bouche-à-oreille, après une formation en agriculture biologique. « J’étais nouvellement papa de jumeaux et les perspectives salariales étaient plus intéressantes en cinéma qu’en production agricole », explique-t-il.
Un métier hors du commun
Connaître le maniement d’outils spécialisés, aller en forêt chercher les végétaux nécessaires ou encore coller des feuilles et des branches sur un arbre pour le rendre plus esthétique, voilà le genre de choses que fait un paysagiste en cinéma dans une journée de travail qui dure habituellement 10 heures. À cela s’ajoutent les aléas de la météo, si le tournage se fait à l’extérieur.
« À Sainte-Agathe, la production a fait venir des chargements de neige provenant du dépôt municipal et nous avons installé une centaine de sapins. Mais comme nous sommes au début du mois d’avril, les températures douces et les possibilités de pluie nous ont compliqué la tâche. Et pour les sapins, il a fallu trouver un producteur qui accepterait de couper ses arbres avant terme, ceux-ci étant normalement récoltés plus tard dans l’année. Nous devons nous adapter aux besoins du film, mais nous avons aussi une conscience des végétaux utilisés ; on essaie toujours de les recycler après », poursuit celui qui a travaillé sur le tournage des trois derniers films de la série des X-Men.
Fait amusant, la neige utilisée en extérieur est souvent réelle, tandis qu’en studio, on opte souvent pour une imitation composée de fécule de pommes de terre et de papier. Et cette dernière collerait terriblement aux chaussures des acteurs, selon le paysagiste.
Parfois, un film amène aussi des défis auxquels on ne s’attend pas. « J’ai participé au tournage de la reprise du film Cimetière vivant de Stephen King, il y a trois ans. Disons que mon mandat était plutôt spécial, car je devais créer une forêt d’épouvante. Il a fallu trouver des arbres qui avaient la tête de l’emploi! », conclut Dylan.
L’aménagement paysager de la rue Saint-Vincent a nécessité une semaine de travail et une équipe de cinq paysagistes.
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