Les mémoires vivantes, l’histoire qui se raconte
Carole Lachaine, une vie de commerce agréable
Par Pierre Trudel de la Société d’histoire La Repousse. Carole Lachaine est née à Montréal. Vers l'âge d’un an, ses parents sont déménagés au Lac-Carré lorsque son père Jacques a échangé son immeuble à logement de Montréal contre l’épicerie de son grand-père Charlemagne. Carole a travaillé au Marché Lachaine avec son père. Durant la saison estivale, dès l'âge de 13 ans, elle s’occupait de la caisse et plaçait la marchandise.
Carole a étudié à la polyvalente de Saint-Jovite et afin d’avoir une porte ouverte sur une autre carrière, elle a suivi un cours de sténo dactylo. Elle a été l’âme du Marché Lachaine pendant 40 ans, dont 23 comme copropriétaire avec son conjoint Michel Desjardins. « J’aimais beaucoup travailler avec mon père et avec le public. Mon père était très proche des clients. Par exemple, il se souvenait d’eux lorsque les clients saisonniers revenaient au magasin », mentionne Carole.

Carole Lachaine. (Photo gracieuseté)
Le Marché Lachaine: de magasin général à épicerie
En 1942, Charlemagne Lachaine, le grand-père de Carole, achète le magasin général situé à Lac-Carré. Il travaillait sur la route pour Pepsi et avait aussi un trajet de cigarettes jusqu’à Mont-Laurier. Pendant ce temps, son épouse Léonne Fournelle s’occupait du magasin. En 1959, il fit bâtir une maison dans le village de Lac-Carré pour y élever ses sept enfants (Jacques, Violette, Jacqueline, Léo, Gilles, Lorraine et Jean-Marc). En plus de l’épicerie, Charlemagne vendait de la glace qui était coupée au godendard devant la résidence de M. Prévost. La glace était tirée par des chevaux et était amenée chez M. Arthur Lacolle qui possédait une glacière.
Fait à noter, l’épicerie ouvrait 6 ½ jours par semaine, dont le dimanche après la messe, pour satisfaire les besoins des cultivateurs qui fréquentaient l’église. La clientèle était surtout locale, mais il y avait tout de même les touristes qui fréquentaient le Parc du Mont-Tremblant et ceux qui possédaient une résidence secondaire autour du lac.
Le frère de Charlemagne, Arthur, était le boucher. Les fruits et légumes provenaient des cultivateurs. On retrouvait un grand comptoir le long du magasin où étaient étalés fèves, pois, sucre, farine, etc. Le commis allait chercher les boîtes de conserve et aliments avec des pinces à partir des étalages pour les remettre aux clients. Le Marché Lachaine, comme tous les commerces de l’époque, devait faire de nombreuses ventes à crédit. Les clients payaient à la semaine ou au mois.
Charlemagne a été propriétaire de l’épicerie de 1942 à 1958. Son fils aîné Jacques montrait de l’intérêt pour le commerce. Carole nous raconte: « Dès l’âge de 10 ans, lorsque les touristes arrivaient à la gare, mon père Jacques leur offrait de livrer leurs bagages avec sa brouette. Il transportait les valises de deux clients différents à la fois et allait chercher celles des autres voyageurs par la suite pour desservir le maximum de clients. L’ambition ne lui faisait pas peur ». En 1958, Jacques est devenu propriétaire du Marché Lachaine.
Beaucoup plus qu’une épicerie
Sous la direction de Jacques, le Marché Lachaine a arboré la bannière Métropole, qui a été fondée en 1954 par les frères Prévost et comptait 200 membres. C’est la première chaîne volontaire du commerce alimentaire de détail au Québec. Le Marché a par la suite arboré les bannières Provibec et Richelieu.
Le boucher Bernard Desjardins se procurait des cochons à Brébeuf. Ils les transformaient en boudin, saucisse, rôti, etc. À l’époque, les clients se rendaient au magasin une fois/semaine et compte tenu de la taille des familles, ils achetaient des pièces de viande en quantité plus importante (des quartiers de bœuf, de cochon et saucisson de Bologne complet). Jacques servait surtout les touristes anglophones et son boucher s’occupait de la clientèle locale. Les commandes faites sur place et téléphoniques étaient livrées la journée même, et celles prises directement chez les clients dans les rangs étaient livrées deux jours plus tard. Plusieurs livraisons étaient faites à bicyclette du temps de Charlemagne et Jacques.
Jacques a pu compter sur la collaboration de son épouse Lucille Desjardins. La superficie du magasin s’est agrandie à deux reprises au fil des ans et ils ont acheté un terrain voisin pour doubler la capacité de stationnement.
Carole, femme d’affaires
Carole a commencé à travailler au Marché Lachaine vers 1969 et a toujours été proche des clients. Elle en devint copropriétaire en janvier 1986 et le resta jusqu’à la vente en août 2009. Au début, son père Jacques donnait un coup de main pour les remplacer lors des vacances, comme Carole l’avait fait auparavant. Dès l’âge de 18 ans, elle avait la responsabilité du commerce lorsque ses parents partaient en voyage en Floride avec ses quatre sœurs. « Je me retrouvais seule au magasin jusqu’à 18h. Je montais au logement, et je n’avais pas de souper de prêt. Je me sentais très seule », raconte-t-elle.
Au fil des ans, Carole et Michel ont ajouté une section vin, acheté de nouveaux frigos, et intégré un département de boulangerie lors d’un agrandissement majeur en 1988. Plus tard, ils ouvrent une pizzeria dont la recette secrète était bien appréciée. « Les clients adoraient notre pizza qui se démarquait de celles des autres restaurants, nous en étions très fiers! »
Plusieurs employés et leur fils Francis ont contribué à la réussite du commerce. Le Marché Lachaine desservait plusieurs restaurants de la région ainsi que la base de plein air Le Petit Bonheur du Père Marcel de la Sablonnière au lac Supérieur. Sous la bannière Marché Richelieu, ils ont été en nomination pour un prix d’excellence en 1997. Ils ont réussi à se démarquer de leurs concurrents, les supermarchés de Saint-Jovite.
Aujourd’hui, le magasin existe toujours sous une autre bannière avec un nouveau propriétaire.
SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE LA REPOUSSE
Chaque mois, la Société d’histoire de la Repousse présente une chronique historique dans les pages de L’info du Nord pour raconter un pan de notre histoire locale, avec un témoignage à l’appui.
La Société d’histoire a fait le choix du nom de « la Repousse » en souvenir du « chemin de la Repousse ». C’est en ces termes que l’on désignait la première route qui reliait Sainte-Agathe-des-Monts à Saint-Faustin.
Pour information:WWW.Facebook.com/LaRepousse et LaRepousse@hotmail.ca
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