Démystifier l’allaitement : Entrevue avec Nourri-Source Laurentides

  • Publié le 27 janv. 2025 (Mis à jour le 13 avr. 2025)
  • Lecture : 4 minutes

Bien que particulièrement bénéfique, l’allaitement est une expérience qui peut s’avérer complexe pour les mères et leurs bébés. À ce jour, de nombreuses questions et idées reçues demeurent autour de cette pratique. L’info s’est ainsi entretenu avec Émilie Archambault, intervenante en allaitement chez Nourri-Source Laurentides.
Quels sont les bienfaits de l’allaitement, tant pour maman que pour bébé ?

« Pour la maman, ça augmente la qualité du sommeil, ça retarde le retour des menstruations, ça diminue les risques d’hypertension artérielle, de diabète de type 2, du cancer du sein, de l’endomètre, de la thyroïde, de l’ovaire. Pour le petit, ça favorise la formation d’un lien d’attachement sécurisant, permet un meilleur développement des fonctions cognitives, expose à une diversité des saveurs qui sont transmises par le lait et qui ont parfois déjà été goûtées via le liquide amniotique (…) Il y a une transmission des composantes immunologiques, une colonisation du système gastro-intestinal, une régularisation du microbiote et une diminution du syndrome de la mort subite du nourrisson. L’allaitement, c’est avantageux pour tous les membres de la famille. C’est la continuité naturelle de la grossesse, c’est écologique, économique, toujours à portée de main et toujours à la bonne température. »

Ces bienfaits sont-ils à long terme ?

« C’est à long terme, et selon les études, la protection va augmenter selon la durée de l’allaitement. »

Quels sont les mythes que vous rencontrez fréquemment concernant l’allaitement ?

« On entend très souvent des mamans dire que leur production n’est pas suffisante. C’est une des principales raisons pour lesquelles certaines mères cessent l’allaitement de façon précoce, on parle d’environ 19% d’entre elles. Dans 75% des cas, le rôle de la bénévole, de la marraine d’allaitement ou des employées des organismes en allaitement c’est de rassurer et d’offrir une oreille attentive pour tenter de démystifier pourquoi elles pensent que leur lait n’est pas nourrissant ou que leur production n’est pas suffisante (…) On leur explique le processus de la production de lait, qui fonctionne avec l’offre et la demande. Plus on met bébé au sein, plus ça va envoyer un message au cerveau de produire le lait. Il y a énormément d’hormones qui sont en jeu dans l’allaitement, les deux principales sont la prolactine, qui produit le lait, et l’ocytocine, l’hormone de l’amour, qui permet d’amener le lait au bébé. »

Quels sont les services s’offrant aux mères qui rencontrent effectivement des défis au niveau de la production de lait ?

« On offre un service de consultante en lactation avec une professionnelle de la santé qui travaille avec les défis d’allaitement et qui va mettre en place un plan d’action selon les choix et les valeurs de la famille. Elle est là pour écouter, mais aussi pour faire un travail de détective, rappeler que l’allaitement n’est ni tout noir ni tout blanc. Ce n’est pas parce qu’il y a eu des défis en début d’allaitement que c’est un échec. »

Parmi les défis que rencontrent certaines mères figure le réflexe d’éjection dysphorique[1] lors de l’allaitement. Comment accompagnez-vous ces femmes ?

« On connait ce syndrome, mais les cas que nous avons sont rares. C’est souvent par élimination que la consultante en lactation va finir par établir ce diagnostic. Elle va vraiment être dans l’accompagnement, dans la valorisation de la maman et lui rappeler que c’est elle qui est l’experte de son allaitement. La consultante va tenter de lui donner confiance et de l’écouter, surtout. Juste le fait de confirmer ce que la mère pensait, de lui dire que ça arrive, que ça existe et qu’elle avait raison de chercher de l’aide (…) En ayant une explication, en mettant des mots sur ce qu’elle ressent et en lui donnant des outils pour l’aider, même si ça ne disparaît pas avec le temps, ça va enlever beaucoup de poids sur ses épaules. »

Comment peut-on soutenir les mères qui allaitent ? Quelle différence le soutien des proches apporte-t-il ?

« Le soutien, les encouragements, avoir quelqu’un qui met une main sur son épaule, qui nous fait un petit massage, nous prête une oreille attentive, nous tend une bouteille d’eau, ça fait toute la différence dans la réussite de l’allaitement. C’est un témoignage qui revient très souvent des mamans qui demandent le soutien d’une marraine d’allaitement. »

 

Quelques services offerts dans les Laurentides

Nourri-Source Laurentides (MRC des Laurentides) :

Soutien téléphonique pour les mères et jumelage avec une marraine d’allaitement

Soutien téléphonique pour les pères

Consultation avec une intervenante en allaitement

Halte-allaitement pour échanger avec d’autres mamans, poser des questions, s’informer sur une variété de sujets touchant à la période périnatale.

Tente Rouge, un espace sacré et intime où les femmes se réunissent inspiré par les traditions anciennes : un lieu de soutien, d’écoute et de bienveillance où les femmes peuvent se connecter et s’exprimer librement.

La dernière goutte, atelier de transition de l’allaitement vers un sevrage partiel ou complet

Clinique communautaire d’allaitement auprès d’une professionnelle de la santé consultante en lactation

La Mèreveille  (MRC d’Antoine-Labelle) :

Rendez-vous individuels durant la grossesse et l’allaitement

Activités, rencontres de groupe et groupe de soutien

Relevailles à domicile

Ateliers informatifs

Jumelage à une marraine d’allaitement

Clinique de soutien à l’allaitement

[1] Le réflexe d’éjection dysphorique (RED) est une perturbation brutale de l’humeur lors de l’éjection du lait, provoquant des symptômes similaires à ceux des troubles dépressifs, tels que tristesse, anxiété, colère, et parfois des pensées suicidaires. Il s’agit d’un trouble physiologique (probablement hormonal) et non psychologique.

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