Une récolte hâtive pour un acériculteur de la région
Richard Radermaker est l’un des importants producteurs de sirop d’érable dans la Vallée de la Rouge avec plus de 40 000 entailles. Récemment, sur les réseaux sociaux, il était catégorique: la saison a démarré pour lui.
« Faux départ au Nouveau-Brunswick, selon ce producteur, mais moi, à Sainte-Véronique, un vrai départ. J’ai jeté l’eau 1 jour et ensuite j’ai tout gardé et bouilli. Elle était peu sucrée, mais je l’ai traité en osmose inverse 2 fois pour la rendre à 17 brix. Elle m’a donné 530 gallons de sirop », signalait l’acériculteur dans le message.
Des questions viennent donc en tête face à cette situation pour le moins peu commune. Des températures printanières hâtives, c’est mauvais pour l’acériculteur ? Si les températures reviennent à la normale pour quelques semaines et que le printemps « revient » comme prévu, cela pourrait affecter la récolte ? Les réponses de M. Rradermaker arrivent à L’info le 15 février en fin de soirée:
« L’hiver doux qu’on connaît actuellement ne m’inquiète pas pour le moment. Ce dont je me soucie le plus est la faible quantité de neige au sol. Je souhaiterais que l’hiver nous en apporte idéalement un mètre supplémentaire avant la saison des sucres, car, pour couler, les érables ont besoin d’eau dans le sol. Ce qui serait catastrophique est que la carence de neige s’accompagnerait d’un printemps sec. Par contre, si l’on restait avec ce manque de neige et que pendant la période de production on avait régulièrement de la pluie ou de la neige, ceci pourrait amoindrir le risque de manque d’eau aux érables et compenser », explique l’acériculteur.
« L’autre facteur important est d’avoir des températures normales qui favorisent la coulée pour un printemps sur une période d’un mois, poursuit-il. Au cours des 6 dernières années, j’ai connu 3 mauvaises saisons. La première fut causée par début du mois d’avril trop froid. La deuxième fut un printemps trop chaud qui a raccourci la période de récolte et le nombre de coulées. Enfin, l’an dernier fut la pire de toutes, car on a connu les deux extrêmes. Un début de printemps trop froid suivi d’un revirement de situation à l’extrême avec des journées à 28 degrés Celsius. Ceci a mis un terme à la récolte à la grandeur du Québec. On a récolté provincialement environ 35 % d’une année moyenne ».
Il est bon le sirop?
En général, la santé du sirop d’érable au Québec se porte bien?
« Les ventes de sirop d’érable ont très bien progressé au cours des dernières années. Malheureusement notre Fédération des producteurs acéricoles du Québec [Producteurs et productrices acéricoles du Québec – NDLR] a commis 2 fois la même erreur. Ils ont trop usé de prudence face à l’éventualité d’accumulation de surplus. Par opposition, ils ont été imprudents face à la possibilité de manquer de sirop d’érable et c’est ce qui est encore arrivé», explique M. Radermaker.
«Notre Syndicat a aussi très mal négocié avec les acheteurs le prix payé aux producteurs depuis 15 ans. La rentabilité que nous avions acquise vers 2008-2009 a fondu comme neige au soleil. Ils n’ont pas suivi rigoureusement et annuellement nos coûts de production et négocié à l’aveuglette. Les deux dernières augmentations plus substantielles ne rattrapent pas le retard qui s’est creusé. Un ajustement de prix immédiat s’impose et c’est le cas dans beaucoup d’autres productions agricoles », ajoute-t-il.
En exploitation depuis plus de 30 ans
L’homme a parlé de son érablière : le nombre d’entailles, revenus annuels des ventes, la quantité, le nombre d’employés, la petite histoire de son entreprise.
« Cette année, j’aurai 40 056 entailles en production et je souhaiterais récolter 4 livres à l’entaille. C’est ma 33e saison et cette année j’ai 9 travailleurs étrangers du Guatemala. En janvier, j’ai obtenu un nouveau quota de 4 490 entailles supplémentaires qui m’amènera éventuellement à 4 4546 unités de production. Éventuellement, je pourrais dépasser un peu 50 000 entailles avec ce que nous avons réussi de peine et de misère à faire protéger à proximité de nos installations. Le ministère et la Commonwealth Plywood ont pratiquement tout détruit le reste des érablières dans le secteur Sainte-Véronique. Entre le lac de la Haie et le réservoir Kiamika, tout fut détruit pour faire de la planche ».
Peut-on parler d’un printemps hâtif ?
« C’est déjà arrivé que j’aie récolté en janvier et je me souviens aussi au moins 2 fois en fin février, après avoir récolté. C’était dû chaque fois à un redoux. C’est courant et ça ne date pas d’hier des redoux durant l’hiver. Je me souviens d’un printemps hâtif, il n’y a pas si longtemps. Les sucres avaient commencé au début mars et, le 31 mars, c’était terminé. C’est la seule fois en 32 saisons que j’ai eu un printemps hâtif », conclut Richard Radermaker.
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