Tournage à Amherst: voyage dans le passé
Des scènes de fiction en lien avec l’exploitation de la mine de silice de Saint-Rémi-d’Amherst dans les années 1940 ont été tournées. Des gens du village et de la région y ont participé.

L’ambiance était franchement joviale sur le tournage des séquences dramatiques qui viendront ponctuer le film documentaire Les veuves blanches de la silicose. Plusieurs figurants, vêtus d’époque et cellulaire à la main, observaient l’équipe du cinéaste Bruno Carrière (Cauchemar d’amour, Lucien Brouillard) à l’œuvre. Une équipe minimaliste, mais efficace. Devant eux, une brèche s’ouvrait sur le passé.
Sous un soleil d’automne, des hommes en chemises à carreaux préparent du bois de chauffage. Deux manient le godendard, un autre fend des bûches. Derrière eux, la fumée d’un feu de branches et son crépitement. Silence! Action!
« On croirait une scène de Maria Chapdelaine! » – Bruno Carrière, cinéaste
Au signal de Bruno Carrière, un autre personnage entre dans ce tableau. C’est Burton Ledoux, le journaliste franco-américain qui documentait à la fin des années 1940 cette affaire de maladie pulmonaire industrielle – la silicose – décimant les mineurs de Saint-Rémi-d’Amherst. Dans cette scène, le journaliste se présente à l’homme barbu, celui-là qui fend du bois, et qui tousse.
« Burton Ledoux, c’est celui qui va être sensible à ce qui se passe ici, qui vient poser des questions et qui se rend compte qu’il y a un réel problème. Il a mis au jour ce qui était littéralement un scandale », relate le comédien Karl-Patrice Dupuis (Le sang du pélican, District 31) à propos de son rôle.
Fiction et réalité
L’homme barbu, lui, n’est pas un comédien professionnel. C’est plutôt un natif du coin qui a accepté le défi. De son propre aveu, Jac-Maurice Miron sort peu. Pour lui, l’équipe réunie pour ce tournage, c’est une foule. Né en 1948 tout près de la mine de silice qu’on venait de démanteler, il raconte qu’une dizaine de ses oncles sont morts des suites de la silicose. Le personnage qu’il joue, c’est un peu d’allier la fiction à la réalité, « à ce qui aurait pu être ».
« Faut que tu parles avec le curé! C’est une star! dit le cinéaste Bruno Carrière pendant sa pause repas. Ce n’est pas un comédien, mais un gars de la place qui a accepté de jouer. Sa grosse scène, on va la faire au cimetière la semaine prochaine. »
Martin Fortier est un camionneur retraité. Il s’est installé à Amherst avec son épouse. Pourquoi lui a-t-on demandé, à lui, de personnifier le curé Palma Allard? Son rire répond presque à la question. Il se décrit comme un caméléon sociable, qui avait apparemment la stature d’un religieux. Il pressent qu’on le taquinera longtemps avec ce rôle. Lui aussi connaît cette histoire tragique qui a modelé le village. En fait, l’ensemble des participants, du plus jeune figurant au plus vieux, tous connaissent cette affaire. Elle plane encore sur la région.
Le tournage des séquences dramatiques a eu lieu les 25 septembre et 2 octobre. Une trentaine de figurants de la région y ont participé. Parfois, trois générations se partageaient le plateau. En attendant la construction d’un monument commémoratif, dont la création a été confiée à l’artiste de renom Armand Vaillancourt, c’était une autre façon de rendre hommage aux victimes directes et collatérales de cette tragédie.
Les veuves blanches de la silicose
Dans les années 1940, la vérité éclate au grand jour: des mineurs de Saint-Rémi-d’Amherst meurent à cause de la poussière de la mine de silice, et personne ne leur vient en aide. Cette affaire marque un tournant au Québec pour le droit des travailleurs et de leurs familles. Un documentaire sur ces événements, commandé par la Municipalité d’Amherst et son comité du patrimoine, est en cours de production. Ce film sera présenté au futur centre d’interprétation de la municipalité qui ouvrira ses portes à l’été 2022. Plus tôt en entrevue, le maire Jean-Guy Galipeau avait parlé d’une première, quelque part en décembre prochain, à l’église d’Amherst.
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