1948 : L’affaire silicose – histoire d’une injustice
« Que cette souffrance soit nommée et jamais oubliée »
Ginette Levesque, auteure
La première du documentaire «1948 : L’affaire silicose – histoire d’une injustice» (Bruno Carrière), aura lieu à l’ancienne église de Saint-Rémi le 20 mars prochain. À la veille de cet événement, l’auteure Ginette Levesque nous parle de sa famille et du devoir de mémoire.
Dans les années 1940, le grand-père maternel et deux oncles de Ginette Levesque ont succombé à la silicose, une maladie industrielle qui s’attaquait aux poumons des travailleurs de la mine locale. De 1931 à 1938, son aïeul était l’employé de la Canada China Clay & Silica Ltd. Dix heures par jour, six jours par semaine, c’était la mine.
« Il y a de cela plusieurs années alors que j’étais dans la vingtaine, ma marraine m’a légué divers objets ayant appartenu à notre famille. Parmi eux se trouvaient les carnets de paye de mon grand-père et de mes oncles. Étrange tout de même que ce patrimoine familial soit aujourd’hui le seul témoin de cet épisode tragique », raconte-t-elle.
Auteure philanthropique
Pour ceux qui ne la connaissent pas, Ginette Levesque est une auteure philanthropique. En ce sens, lorsqu’elle publie un roman, une partie des profits est remise à un organisme. Et il y a toujours un lien entre le propos du roman et la cause encouragée. « Un lien de cœur », souligne-t-elle. Des suites de la publication de son plus récent roman, La racine de l’être, elle a remis 1000$ à une maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale.
En 2014, l’auteure philanthropique a rendu hommage aux victimes de la silicose à travers son roman Petit pot de biscuits… 2. Elle a alors remis un don à l’Association pulmonaire du Québec et souhaité de voir un monument à la mémoire des victimes de la silicose être érigé au cimetière du village.
Il semblerait que sa démarche ait interpellé des gens d’Amherst. Elle avait peut-être, sans le savoir, déclenché une avalanche. Quelques années plus tard, la première du documentaire 1948 : L’affaire silicose – histoire d’une injustice (Bruno Carrières, Les films Cinétrie Inc) se prépare à l’ancienne église de Saint-Rémi. Et lorsque le nouveau Centre d’interprétation historique d’Amherst ouvrira ses portes, le documentaire de 33 minutes y sera projeté. Aussi, des pourparlers sont en cours avec l’artiste de renom Armand Vaillancourt pour la création d’un mémorial.
« Ce que les gens ne mesurent pas toujours, ou qu’ils ne croient pas, c’est la portée d’un livre. »
– Ginette Levesque, auteure philanthropique et membre du comité patrimoine d’Amherst
Enfant, Ginette Levesque n’a jamais entendu sa mère prononcer le mot silicose, car on parlait plutôt de tuberculose. « De ce père qu’elle avait peu connu, elle conservait le souvenir d’un homme souffrant dont la maladie affectait ses facultés mentales. Elle évoquait ces années de misère en parlant du rationnement, mais jamais de l’indigence dans laquelle la maladie de leur père les avait laissées, elle et ses sœurs. La famille a quitté le village portant avec elle le sceau de la honte pour immigrer à Montréal dans le quartier Villeray. En fait, personne parmi les miens n’a jamais parlé des années à Saint-Rémi-d’Amherst », relate-t-elle.
Ginette Levesque se décrit comme émotive à l’approche du dévoilement prochain du documentaire sur ce scandale historique. Elle rappelle que cette première se tiendra là où les cérémonies funéraires de plusieurs mineurs du village ont eu lieu. « Je pense avoir accompli mon devoir de mémoire envers les miens, mais également envers toutes les familles décimées par la silicose et leurs descendants. Que cette souffrance soit nommée et jamais oubliée », conclut-elle.
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