Les mémoires vivantes, l’histoire qui se raconte
Histoires de pêche et de nature
PAR PIERRE TRUDEL DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE DE LA REPOUSSE. Luc Bilodeau est né au lac Supérieur le 7 septembre 1961 et y est toujours demeuré. Il est diplômé en arpentage du CÉGEP Ahuntsic en 1981. En 1995, il a fondé la firme Arpentech des Laurentides. Il est père de deux enfants, Jonathan et Stéphanie, et demeure avec Lyne Alarie depuis 26 ans.
Il a passé sa vie professionnelle à l’extérieur comme arpenteur. « Pour diverses firmes d’ingénieurs, je faisais de la bathymétrie (mesure des profondeurs et du relief) sur plusieurs plans d’eau et même sous les chutes d’eau pour identifier le fond des cours d’eau près des barrages privés, à la suite de l’effondrement du barrage lors des pluies au lac Saint-Jean en 1996. »
Il a fait des relevés et des mesures à la Station Mont Tremblant avant l’implantation des bâtiments. « Je faisais tout le côté technique et le suivi des constructions: les télésièges, la luge, les golfs, le Grand Manitou (au sommet de la montagne) et le Casino aussi. »
Une affaire de famille
Luc a travaillé à l’hôtel du Versant Nord que son père, Denis Bilodeau, avait acheté en plus de posséder l’hôtel Le Rustique depuis de nombreuses années. « Durant mon enfance, j’aidais mon père quand il y avait des noces en servant au bar. » Son père Denis a travaillé dans un hôtel appartenant à son oncle à Saint- Donat. Son arrière-grand-père, Arthur Grenon possédait l’hôtel Grenon (brûlée en 1939) sur le site qui accueillera plus tard la Fraternité sacerdotale.
Enfant, durant l’hiver, il allait pelleter la neige sur les toitures, et durant l’été, il piochait pour ramasser des vers que son père vendait aux pêcheurs. Il allait souvent visiter ses grands-parents Grenon qui possédaient le magasin général Chez René Grenon & Fils, propriété de la famille de sa mère Marielle Grenon. La famille Grenon est l’une des familles pionnières du Lac-Supérieur. « Durant la Deuxième Guerre mondiale, ma mère s’occupait du bureau de poste et des coupons de rationnement, elle aidait les familles en facilitant les échanges de coupons de farine pour des coupons de sucre. »
Autour des années 60, en hiver, dès janvier, son père Denis, recueillait la glace au lac Supérieur armé d’une longue scie. On conservait cette glace dans la paille pour approvisionner les glacières, les frigos de l’époque, tout l’été.
Héritage de son père
Denis Bilodeau avait toujours une bonne histoire de pêche à raconter. C’était un as de cette activité dont la renommée dépassait les frontières des Laurentides, a relaté son fils Luc Bilodeau.
On parle de Denis Bilodeau dans l’édition de La Presse du 7 novembre 1996: « Denis Bilodeau, 65 ans, profite du mois de novembre pour traquer le maskinongé qui atteint une taille considérable. Ses leurres sont gigantesques et sa méthode de pêche peu orthodoxe. » Combien de pêcheurs ont fait la une du quotidien La Presse!
« Mon père qui était guide de pêche à Tremblant m’a montré à pêcher, mais bon il ne m’a pas donné tous ses secrets, surtout au maskinongé où il avait sa propre technique. Aussi, il ne disait pas le vrai nom du lac où il allait. Il disait se rendre au lac en Croix, mais en réalité on allait au lac du Diable. »
Histoires de pêche
Luc a aussi participé à des tournois de pêche. Plusieurs fois, il a participé au même tournoi que son père, mais pas dans la même chaloupe; il pêchait avec sa sœur Johanne. Luc a même réussi à arriver 2e dans un concours et devinez qui a remporté le premier prix? Son père n’enregistrait pas ses plus gros poissons au début du concours, il attendait que les autres pêcheurs soient en confiance de gagner pour enregistrer ses poissons. Il y avait souvent des prix importants dans ces concours: des chaloupes et des moteurs.
Dans les Laurentides, on compte près d’une dizaine de lacs où pêcher le maskinongé, selon le site web missionmaskinonge.com: les lacs Maskinongé, Ouimet, Tremblant, Supérieur, Brûlé et Quenouille.
Histoire de la pêche sportive au Québec
Avec près de 3,6 millions de lacs, d’étangs et de mares au Québec, il n’est pas étonnant que du sang de pêcheur coule dans nos veines. Au Québec, la pratique du tourisme en forêt a longtemps été assujettie à une politique de location des terres de la Couronne réservée à une élite de riches notables nord-américains, membres de clubs de chasse et de pêche privés. L’essor véritable de ce type de concessions survient après 1882, lorsque le gouvernement du Québec se fait confirmer par la Cour suprême sa juridiction exclusive et ses droits de pêche sur les eaux intérieures, soit les lacs et rivières non navigables de son territoire.
Le nombre de clubs de chasse et pêche, qui avait stagné en raison des deux guerres et de la crise des années 1930, connaît une progression étonnante entre 1945 et 1960: il passe de 614 à 1908.
Au début des années 1970, la colère gronde: les 1991 clubs fréquentés par 30 000 membres mécontentent profondément les 500 000 détenteurs de permis de pêche et de chasse. En 1978, les baux des clubs privés sont résiliés et le ministre Yves Duhaime crée les ZECS (Zones d’exploitation contrôlées).
Le Québec compte plus de 730 000 mordus de pêche, qui consacrent annuellement 12 millions de jours à la pratique de cette activité. Des 381 millions de dollars dépensés par les visiteurs lors d’activités liées à la faune, ce sont les pêcheurs sportifs qui injectent le plus d’argent dans les différentes régions du Québec, soit 46%.
Il y a une évolution du tourisme de chasse et pêche au tourisme de visite: 52% des visiteurs font des activités fauniques sans prélèvement (chasse ou pêche). Les Laurentides est la région qui reçoit le plus de visiteurs, soit 15% du total.
En passant du tourisme de chasse, au tourisme de pêche, au tourisme d’observation, nous serions devenus technocultures et « technonatures ». La pêche serait devenue une activité complémentaire plutôt qu’un moteur de la visite nature.
Société d’histoire de la Repousse
Chaque mois, la Société d’histoire de la Repousse présentera une chronique historique dans les pages de L’info du Nord pour raconter un pan de notre histoire locale, avec un témoignage à l’appui.
La Société d’histoire a fait le choix du nom de « la Repousse » en souvenir du « chemin de la Repousse ». C’est en ces termes que l’on désignait la première route qui reliait Sainte-Agathe-des-Monts à Saint-Faustin.
Pour information:WWW.Facebook.com/LaRepousse et LaRepousse@hotmail.ca
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