Mélanie Turgeon: «Je crois aux micro-changements»
Le 24 janvier est la Journée internationale du sport féminin. Pour cette occasion, L’Information du Nord est allée à la rencontre d’une grande athlète féminine des dernières décennies, Mélanie Turgeon.
La skieuse alpin, qui a participé deux fois aux Jeux olympiques et a fait tourner bien des têtes sur les pentes dans les années ’90 et 2000, a accepté de se prêter au jeu et de nous partager sa vision du sport féminin et de son évolution. Aujourd’hui résidente de Mont-Tremblant, elle témoigne de son expérience d’athlète.
Selon vous, pourquoi le sport féminin occupe si peu de place dans l’espace public, à l’exception des Jeux olympiques?
Je trouve de mon côté qu’au Québec, les journalistes en parlent plus à l’année. Mais c’est vrai qu’au Canada en général, les athlètes féminines sont surtout médiatisées en prévision des Jeux olympiques. Je dois dire que souvent, les gens comparent les hommes et les femmes. Il faudrait que les gens reconnaissent les athlètes féminines au-delà de l’aspect marketing. Les femmes réussissent des performances incroyables, dans tous les sports. Il faudrait les mettre plus en lumière.
Quelle est la plus grande inégalité entre les hommes et les femmes, dans le sport?
C’est beaucoup au niveau des bourses que ça se passe. C’est peut-être moins pire dans les sports olympiques, comme le mien. Mais quand on arrive au tennis, au golf, il y a vraiment de grands écarts. Si le financement ne suit pas, les femmes ne pourront pas se développer dans leur sport autant qu’elles le pourraient.
Et au niveau des commanditaires, est-ce le même combat?
Si je prends mon cas personnel, non. J’ai été privilégiée de mon bord, en étant très soutenue par Réno-Dépôt, puis Rona. Je pense que les Jeux olympiques de Vancouver ont aidé aussi un peu, sans doute, à donner plus de visibilité à nos athlètes féminines. Il reste du travail à faire, le côté financier n’a pas suivi tout à fait, mais il y a de bonnes améliorations, quand même.
Durant votre carrière sportive, avez-vous dû surmonter des obstacles parce que vous êtes une femme?
Pour ma part, je n’ai pas ressenti qu’il y avait plus d’obstacles à cause de mon sexe. Il faut dire que mon sport n’était pas très présent dans les médias à l’époque, donc il n’y avait pas de plus grande inégalité parce que j’étais une femme. Mes collègues masculins étaient dans la même position que moi. Il faut aussi que j’admette que je n’ai peut-être pas nécessairement vu ça, parce que j’étais tellement concentrée sur la compétition.
Quel conseil donneriez-vous à une jeune fille qui débute dans le sport?
De se concentrer sur ce qu’elle peut contrôler. Depuis 10 ans, je trouve que ça s’améliore beaucoup pour les athlètes féminines, parce qu’elles démontrent un très grand professionnalisme. C’est comme ça qu’elles pourront apporter au développement de leur sport et amener un changement. En faisant ce qu’elles doivent faire, les athlètes féminines sont plus respectées, dans le monde entier. De là, elles peuvent attirer l’attention du public et obtenir une aussi grande visibilité que les hommes.
Quelle est la meilleure stratégie pour qu’un jour, l’égalité soit atteinte?
Je crois aux micro-changements. C’est à coup de petits changements qu’un grand survient. J’encourage donc toutes les jeunes filles à faire du sport. Il y a beaucoup d’activités aujourd’hui pour prendre notre place, surtout pour les adolescentes. Si les filles investissent le sport, le développement se fera. Le sport et la féminité ne sont pas opposés.