«Glaciers en perdition», une exposition de photos aériennes

Publié le 6 avril 2022 par Véronique Piché

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Véronique Piché

Journaliste | vpiche@inmedias.ca

Le public est convié à survoler le plus grand glacier d’Islande – le Vatnajökull – du 7 avril au 12 juin à Mont-Tremblant, grâce à des photos aériennes qui illustrent que la Terre se réchauffe.

Lucien Lisabelle, photographe professionnel de Sainte-Sophie dont la démarche artistique est essentiellement « aérienne » depuis une trentaine d’années. Il sera présent à la salle Alphonse-Desjardins le 10 avril entre midi et 16h lors du vernissage. (Photo-gracieuseté)

« Cet endroit était absolument magnifique. C’était trop beau, beau partout, et il fallait que je reste concentré pour faire de beaux cadrages », raconte le photographe Lucien Lisabelle à propos du survol de la plus grande calotte glaciaire d’Islande. C’était en 2013, à bord d’un avion de type Cessna quatre places à ailes hautes. Lui et le pilote local ont volé en spirale au-dessus du Vatnajökull. Il ne savait plus où regarder tant le spectacle qui s’offrait à lui était inédit.

« Tout s’est passé très rapidement, relate-t-il. Nous avons survolé ce glacier pendant environ une demi-heure. C’était comme un rêve pour moi, de voir autant de beauté, et cela faisait longtemps que je voulais photographier un glacier. »

« Il y avait du détail, des formes abstraites, c’était un plaisir pour les yeux. » – Lucien Lisabelle, photographe

À son retour, Lucien Lisabelle a exposé plusieurs des photos captées lors de ses quelque six heures de vol au-dessus de la contrée islandaise. « J’avais choisi de présenter ces photos à l’état brut : pour le glacier, les photos, c’était exactement ce que je voyais depuis l’avion. Neuf ans plus tard, j’ai décidé de revisiter ces photos-là, et ce dans le contexte du réchauffement climatique, explique-t-il. On sait que les glaciers fondent à une vitesse incroyable, qu’ils disparaissent sous nos yeux. »

Glaciers en perdition est présentée du 7 avril au 12 juin à Mont-Tremblant à la salle Alphonse-Desjardins (1145, rue de Saint-Jovite) ainsi qu’à l’Espace public (885, rue de Saint-Jovite). Cette exposition regroupe une sélection de clichés captés en 2013 au-dessus du deuxième plus grand glacier d’Europe, cette fois-ci, avec une touche artistique supplémentaire.

Virage artistique

« J’ai toujours montré les couleurs réelles, et ce sans aucun artifice. Maintenant, avec cette exposition, c’est la première fois depuis mes débuts en 1991 que je change les couleurs de mes photos aériennes. Pour moi, cela représente un virage dans ma démarche artistique comme photographe aérien », dit-il.

Grâce à une technique numérique peaufinée depuis une dizaine d’années, le photographe a appliqué sur ses photos des couleurs chaudes pour représenter la fonte des glaces, ainsi que des tons de bleus, pour représenter l’eau, résultat de cette fonte accélérée. « Ce n’est pas scientifique, c’est une interprétation d’artiste », souligne-t-il.

Lucien Lisabelle se décrit comme sensible aux enjeux environnementaux. « Lorsqu’on voit la Terre vue du ciel, pour reprendre le titre bien connu, on voit comment elle est belle et que cette beauté est fragile. Si on passe au-dessus d’un site d’enfouissement ou d’un dépotoir d’autos ou des raffineries à Montréal, c’est dégueulasse, et on ne peut pas non plus fermer les yeux sur cette réalité », concède-t-il. S’ils ne sont pas tous des activistes écologistes, ceux qui voient la Terre depuis les airs deviennent souvent des oiseaux messagers.

Avion ou drone?

« Personnellement, je ne vois pas d’intérêt à avoir un drone », dit Lucien Lisabelle. En ce qui le concerne, il préfère monter à bord d’un petit avion, car il aime faire équipe avec le pilote, qui connaît son appareil et ses possibilités. De plus, l’avion permet de couvrir de grandes distances, et de rester en vol longtemps, à l’opposé du drone.

« Souvent, on fait un tour sur l’aile et on fait comme une grande spirale, en tournant sur place, parce que j’aime beaucoup prendre des photos perpendiculaires au sol, explique le photographe. Mais attention, il faut avoir le cœur solide. »

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