Documentaire
«1948 : L’affaire silicose – L’histoire d’une injustice» dévoilée
Les gens d’Amherst avaient rendez-vous avec l’histoire le dimanche 20 mars à l’ancienne église de Saint-Rémi lors de la première projection devant public du documentaire 1948 : L’affaire silicose – L’histoire d’une injustice.
Entre 1935 et 1947, une quarantaine de mineurs de Saint-Rémi-d’Amherst sont morts des suites d’une maladie pulmonaire – la silicose – induite par les poussières de la mine locale. Ces victimes et leurs proches n’ont reçu aucune indemnisation, ni de la part de l’employeur qui était la Canada China Clay and Silica Ltd., ni du gouvernement de l’époque.
Dimanche, alors que l’ancienne église de Saint-Rémi s’emplissait de spectateurs, le réalisateur Bruno Carrière (Cauchemar d’amour, Lucien Brouillard ) a reçu une petite boîte. À l’intérieur, des cristaux blancs et un mot griffonné : merci de la part du village et de nos ancêtres. Le papier replié est retourné dans la boîte. L’après-midi s’annonçait émotif.
En ce jour de première, le réalisateur était visiblement bouleversé. « Mon moteur dans ce projet, si je peux le résumer en trois, quatre mots, c’était le drame humain qui s’est déroulé, l’injustice et la réparation, parce qu’il faut ressouder une communauté pour pouvoir aller plus loin », nous a-t-il confié, le regard embué.
« Avec ce documentaire, je ne pensais pas que nous irions aussi loin du côté du message, de l’ampleur du scénario et de la dénonciation, mais aussi de la qualité du film », poursuit-il.
Tragédie minière
Le documentaire de 33 minutes révèle le drame vécu par des familles entières de Saint-Rémi, mais aussi ce qui a été un élément déclencheur pour que le Québec des années 1940 s’indigne. À travers l’enquête du journaliste Burton LeDoux, le cinéaste fait revivre à l’auditoire ces années de la Grande Noirceur. Grâce à des entrevues clés, notamment avec le sociologue Guy Rocher, ainsi que des témoins de l’époque, on retrace l’histoire et le contexte de ce premier grand scandale national de sécurité industrielle, survenu avant celui d’Asbestos. Et pour les gens de la région, on découvre une tragédie minière, qui s’est déroulée dans « notre cour ».
En marge de cette première projection, le maire Jean-Guy Galipeau ne cache pas son immense satisfaction envers ce documentaire. « La commande était que l’histoire qui s’est déroulée ici à Saint-Rémi-d’Amherst soit enfin connue et documentée. L’objectif est définitivement atteint. Et on a senti l’émotion dans la salle. C’est une histoire tragique, qui ne doit pas être oubliée », explique-t-il.
Témoin vivant
Jean-Paul Thomas a 91 ans. Il est le dernier travailleur et témoin vivant de l’époque où la mine de silice fonctionnait toujours. C’est lui qui a éteint le disjoncteur au dernier jour des opérations, en juin 1948. Il avait 18 ans. À ce moment, il n’a pas réalisé à quel point ce geste était symboliquement important. « C’était bon pour l’économie, mais ce n’était pas bon pour la santé. S’ils avaient appliqué les règles comme il faut, de la poussière, il n’y en aurait quasiment pas eu », se souvient-il.
Après la projection, plusieurs des dignitaires qui se sont adressés à l’assemblée ont parlé d’émotions et de devoir de mémoire. Ensuite, les spectateurs ont été invités à s’exprimer. Parmi l’auditoire, des gens se sont levés pour raconter les affres de cette maladie et parler des années difficiles et des tourments. Un homme s’est approché du maire. Il lui a expliqué avoir découvert cette tragédie grâce au documentaire, lui, pourtant natif du coin. C’était palpable à l’église de Saint-Rémi dimanche dernier, on assistait au début de quelque chose.
La suite
Le documentaire 1948 : L’affaire silicose – L’histoire d’une injustice d’une durée de 33 minutes sera présenté en résidence permanente au futur Centre d’interprétation d’histoire d’Amherst, dont l’ouverture est prévue avant la fin de l’année 2022.
Le 13 avril prochain, le documentaire sera présenté à Montréal au Gesù (1200, de Bleury). Ensuite, le réalisateur Bruno Carrière souhaite que son film soit sélectionné pour être projeté lors de différents festivals internationaux. « C’est un film à la fois ambassadeur et messager », dit-il.
Vous aimeriez peut-être...
Voir plus de : Culture
Mont-Tremblant lance sa nouvelle politique culturelle
Le lancement de la nouvelle politique culturelle à Mont-Tremblant s’est tenu le 14 novembre à l’hôtel de ville, en présence …
Plusieurs intervenants réagissent
Maintenant que la décision de raser le couvent de Labelle est fortement envisagée, voici les réactions de la mairesse et …
Pierre Lapointe au Théâtre Le Patriote : un rendez-vous féérique
Le 23 novembre, à 20 h, Pierre Lapointe montera sur la scène du Théâtre Le Patriote pour offrir au public …