“Le son du silence”, une exposition signée Maz

Publié le 20 janvier 2022 par Véronique Piché

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Véronique Piché

Journaliste de l’Initiative de journalisme local | vpiche@infodunord.ca

Jusqu’au 20 février, l’artiste Maz expose à Mont-Tremblant les traces de ses réflexions sur les silences. Commun à toutes les langues du monde, le silence est peut-être le son le plus universel.

L’exposition « Le son du silence », signée « Maz », à Mont-Tremblant. (Photo L’info du Nord – Véronique Piché)

Maz s’interroge. Elle réfléchit. « Cela revient souvent à travers la littérature: tous les systèmes de langues sont composés de sons et de silences. Et sans ces silences, finalement, on ne pourrait pas vraiment communiquer », dit-elle. Maz, ou Valentine Leclerc de son vrai nom, ne présente pas son exposition comme étant un résultat en soi, mais plutôt comme un témoin de son cheminement.

Symboles alignés

L’exposition créée par Maz est présentée à la salle Alphonse-Desjardins, située sous la bibliothèque Samuel-Ouimet, à l’hôtel de ville de Mont-Tremblant. Les toiles exposées sont toutes similaires: des symboles alignés, d’un bout à l’autre du canevas. Les bribes d’une sorte de formule, mais sans valeur absolue? Une phrase infinie, sans mots, silencieuse?

« J’ai commencé cette série alors que je suivais un cours d’anthropologie linguistique à l’Université de Montréal. On devait apprendre une nouvelle langue, et moi j’ai étudié le hangeul, qui est en fait le système écrit coréen, inventé [vers 1450] pour faciliter la lecture pour la masse », relate-t-elle. À ce jour, le hangeul est considéré comme l’alphabet le plus efficace du monde, d’un point de vue scientifique, par des experts du domaine. Valentine Leclerc, elle, l’a d’abord perçu comme de « petits codes mathématiques de son », ce qui lui a aussi rappelé l’écriture musicale.

L’idée d’aligner des symboles sur une toile, selon l’écoulement de ses pensées, est en quelque sorte née d’une nécessité. « Dans la linguistique, on parle souvent de la racine des langues, des façons de se comprendre – entre les langues et dans la même langue –, des silences, de la structure… Tout ça pour dire que je me suis posé énormément de questions philosophiques, et j’ai même pensé écrire une thèse sur le sujet », raconte-t-elle. Dans ce processus de recherche, l’incertitude s’est installée. Un état d’esprit dans lequel l’artiste en elle est venu aider l’intellectuelle à retrouver l’équilibre.

« Pour compenser ces doutes omniprésents, ces symboles, pour finir, ne disent rien. »-Valentine Leclerc alias « Maz », artiste visuelle

« Vous connaissez le mythe de la tour de Babel? », demande l’artiste pour poursuivre la discussion sur son processus créatif. Elle résume l’épisode biblique survenu au lendemain du Déluge, parlant d’abord de cette construction qui devait permettre à l’Homme d’atteindre Dieu: la tour de Babel. En conséquence à ce péché d’orgueil, poursuit-elle, la tour fut détruite par Dieu, mais pire, la langue universelle des Hommes fut brouillée: dès lors, ils furent contraints, pour toujours, à chercher à se comprendre entre eux. À partir de ce mythe, l’artiste s’est donc questionné sur le sens de ces vides communs à toutes langues, lesquels ont été comblés par le son de la parole. Maz a voulu marcher à travers les débris de la tour de Babel.

« En anglais, on dit silence is louder than words, comme quoi souvent le non-dit est plus fort que la parole, que lorsqu’on veut passer un message, c’est presque plus facile de le faire dans le silence », expose-t-elle.

Que cette exposition soit installée sous une bibliothèque n’est peut-être qu’un hasard. Toutefois, nul ne peut ignorer qu’au-delà du paradoxe, Le son du silence de Maz explore le vide qui s’étend entre chacun des mots.

« Souvent, mon esprit était plus calme lorsque je faisais des symboles qui se répétaient, et à l’inverse, moins calme, lorsque j’alignais des symboles qui changeaient », relate l’artiste Valentine « Maz » Leclerc. (Photo gracieuseté – Jayme Jay Anderson)

À propos de Maz

Valentine Leclerc est une résidente native de Mont-Tremblant. Elle a étudié en architecture et architecture de paysage. Si elle a choisi de signer avec son surnom Maz les œuvres de son exposition Le son du silence, c’était de son propre aveu pour éviter de « mêler les choses ». En effet, lorsqu’elle explore son univers ludique, elle signe Maz, alors que ses œuvres plus réalistes sont signées de son vrai nom.

D’où vient-il, ce Maz? Valentine Leclerc hésite à répondre à cette question. Elle répond finalement, par une autre question: vous connaissez Maz Kanata? Pour les non-initiés: c’est un personnage de l’univers Star Wars.

Le son du silence, de Maz sera en exposition jusqu’au 20 février à la salle Alphonse-Desjardins (1145, de Saint-Jovite) et à l’Espace public (885, de Saint-Jovite). Accès libre selon les règles sanitaires en vigueur et, pour la salle d’exposition, selon l’horaire d’accès à la bibliothèque Samuel-Ouimet.

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