
Chronique de Philippe Aubry
On estime l’arrivée de l’électricité à Montréal au début des années 1880 et les villes comme Saint-Jérôme et Sainte-Thérèse disposent dès 1888 de la « lumière électrique », comme on l’appelle à l’époque. Mais, avant la nationalisation de l’électricité dans les années 1960, les services offerts par les compagnies privées en détenant le monopole, sont fortement inégaux à travers la province.
Dans la région de Mont-Tremblant, en 1888, on rêve également de pouvoir jouir de cette innovation pour briser le cycle naturel de la lumière du jour. Cette année-là, le maire François Léonard, propriétaire du moulin à scie situé sur la petite chute au confluent du ruisseau Clair et de la rivière du Diable signale son intention de munir le village de Saint-Jovite d’une centrale électrique. Toutefois, malgré sa bonne volonté, le projet n’aboutit pas.
En 1905, les nouveaux propriétaires du même moulin, Magloire Gosselin et Magloire Lagacé, convertissent une partie de leur scierie en pouvoir électrique. Les deux fonctions combinées et un débit d’eau trop faible occasionné par le fait d’être le dernier de trois moulins à utiliser l’eau du ruisseau Clair, fragilisent leur production d’électricité.
Pour remédier à ces problèmes et éviter des coupures de courant au village, les deux entrepreneurs ajoutent une machine à vapeur à leur moulin. Les électriciens emploient du bran de scie de la scierie des Coupal à Brébeuf pour alimenter la chaudière! Cette solution devenant très coûteuse à la longue, un nouvel emplacement est retenu pour un barrage électrique sur la rivière du Diable dans le canton Grandison. Malheureusement, au printemps 1910, la crue de la Diable emporte l’installation et cette mésaventure accule les deux Magloire à la faillite.
Joseph Vanchesteing reprend à son compte la production d’électricité en 1912. Il double son moulin à scie du ruisseau Noir d’une centrale électrique. En opération la nuit seulement, elle n’offre que la lumière électrique à sa clientèle, des résidents et des commerces de Saint-Jovite. L’augmentation du nombre de touristes dans les années 1920 amène les hôtels et les pensions à vouloir se doter de cette commodité moderne : leur clientèle venue de la ville la réclame même en vacances!
En 1916, au décès de Joseph Vanchesteing, sa femme, Virginie Sénécal, épaulée de leur fils Zéphyrin, diplômé en électricité, reprend les activités. En 1928, coup dur, leur petite centrale est détruite par la crue printanière puis en 1931, le niveau d’eau du ruisseau est critique entraînant des coupures de service. Ne pouvant plus résister aux compagnies mieux équipées et plus fiables, le 21 novembre 1931, les installations sont vendues à la Gatineau Power pour la somme de 20 000$. C’est la fin de la production artisanale d’électricité à Saint-Jovite.
Pour plus d’informations : Société du Patrimoine SOPABIC.
Tél. : 819-717-4224, Courriel : sopabic1@gmail.com
Site web : sopabic-patrimoine.org
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