Chronique historique
Les premiers représentants d’ici aux Jeux olympiques
Colette Légaré/Jocelyne Patry
Les tout premiers Jeux olympiques d’hiver se tiennent à Chamonix, en France, du 25 janvier au 5 février 1924. 12 athlètes canadiens (11 hommes et une femme) y prennent part, ramenant au pays la médaille d’or en hockey sur glace. À l’époque, la seule discipline ouverte aux athlètes féminines est le patinage artistique.
Les Jeux olympiques d’hiver ont lieu tous les quatre ans de 1924 à 1936, puis reprennent au même rythme en 1948 après une interruption due à la Seconde Guerre mondiale. Jusqu’en 1992, ils sont organisés la même année que les Jeux d’été. À partir de cette date, ils ont lieu en alternance sur les années paires d’un cycle de quatre ans.
Des skieurs tremblantois, fiers représentants du Canada, participent à ces Jeux depuis 1952. Cette année-là, à Oslo en Norvège, Lucile Wheeler, 17 ans, obtient son meilleur résultat au slalom, soit une 26ème place. Quatre ans plus tard, à Cortina d’Ampezzo en Italie, Lucile, qui a été la troisième à prendre le départ de la descente, n’est devancée que par deux autres concurrentes et se mérite la médaille de bronze. Elle devient ainsi la première skieuse nord-américaine à obtenir une médaille olympique et à briser le monopole européen. Au slalom géant, elle s’est classée 6ème.
Rappelons-nous que Lucile Wheeler est issue de la famille Wheeler, propriétaire de l’Auberge Gray Rocks à Saint-Jovite. Lucile a donc chaussé les skis dès un très jeune âge et à 10 ans déjà, sous l’aile de son premier entraineur Herman Gadner, se mesure à des compétiteurs beaucoup plus âgés qu’elle. À 12 ans, elle devient championne canadienne junior en descente et au combiné. À 14 ans, elle est sélectionnée par l’équipe canadienne pour les Championnats du monde de 1950 à Aspen au Colorado, mais ses parents lui interdisent d’y participer vu son jeune âge.
Dans les années 1950, les ressources pour les skieurs canadiens sont extrêmement limitées. La famille Wheeler, familière avec les exigences du sport de haute performance, réussit à trouver les fonds nécessaires pour lui permettre de passer les hivers de 1954 à 1957 à s’entraîner avec un entraineur principal à Kitzbühel, en Autriche. Il faut croire que les efforts de ce côté ont porté fruit, puisqu’une médaille de bronze couronne ses Jeux olympiques de 1956 et qu’aux Championnats du monde de 1958 à Bad Gastein, en Autriche, elle remporte deux médailles d’or, en descente et au slalom géant, et une d’argent au combiné.
À l’époque de Lucile Wheeler, les skieurs participent aux trois épreuves, descente, slalom et slalom géant. Réussir dans ces trois disciplines désigne le meilleur skieur polyvalent et c’est un véritable couronnement. Comprenant les spécialisations survenues plus tard, cette championne demeure malgré tout un peu nostalgique de cet accomplissement.
Lucile Wheeler prend sa retraite du ski en 1959, elle reçoit différents honneurs par la suite dont celui de porter le drapeau olympique à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Calgary en 1988.
Peter Duncan prend la relève
Jeune au moment des exploits de Lucile Wheeler mais lui-même déjà bien impliqué dans le même sport de glisse, Peter Duncan, un autre Tremblantois, rêve lui aussi de compétitions olympiques. Il rejoint l’équipe canadienne de ski alpin en 1960. Comme il le relate lui-même souvent, c’est lors d’une déconvenue spectaculaire de l’équipe canadienne pendant un entraînement chronométré contre l’équipe d’Autriche cet hiver-là qu’il a compris qu’il avait « des croûtes à manger avant de pouvoir se comparer aux meilleurs skieurs du monde, lui, le p’tit gars de Mont-Tremblant ». « Je me pensais bien bon. J’étais un adolescent frondeur et je me croyais meilleur que tout le monde puisque je gagnais toutes les courses auxquelles je participais à l’âge de 15 ans… », raconte-t-il.
Après des efforts soutenus pour améliorer sa condition physique et sa technique, il aborde avec confiance les épreuves des Jeux olympiques d’Innsbruck en 1964 où il se classe au 9ème rang du combiné des épreuves. L’année suivante, il devient champion des États-Unis. Quant à sa participation aux Jeux olympiques de Grenoble, en 1968, voici ce qu’il en disait au journaliste Pierre Durocher en 2018:
« Ça s’était mal passé. J’avais vécu une débandade aux championnats du monde de 1966 et ça m’avait pris du temps pour m’en remettre, ma confiance étant ébranlée. Aux Jeux de Grenoble, deux ans plus tard, j’ai skié comme un débutant et je suis carrément entré dans le bois lors d’une sortie de piste, victime d’un manque de concentration. J’ai eu l’air fou, pendant que mon ami Jean-Claude Killy obtenait trois médailles d’or. J’étais à ce point découragé que j’ai mis un terme à ma carrière à 24 ans. »
Peter Duncan est pourtant revenu à sa passion et à la compétition avec l’équipe nationale, et aux Championnats du monde de Val Gardena en 1970, il s’est classé 7ème au combiné. Il s’est par la suite joint au circuit professionnel de 1971 à 1979.
Si, comme le journaliste Pierre Durocher, nous faisons appel à ses souvenirs des Jeux olympiques dans les années 1960, voici ce qu’il raconte: « Je trouvais ça très gros, mais lorsque je compare les Jeux olympiques d’Innsbruck à ceux d’aujourd’hui, c’est tout un monde de différence. À l’époque, les Jeux avaient encore une dimension humaine. Le public pouvait s’approcher des athlètes, leur parler, les féliciter, sans la présence de tous ces policiers sur les sites de compétition. Les Jeux olympiques ont pris des proportions démesurées, notamment à Sotchi. »
Cet aspect plus humain et social devait bien plaire à ce sportif sympathique, grand jaseur et conteur dont on ne se lasse pas d’entendre les histoires.
Quoi qu’il en soit, ces deux athlètes de chez nous ont été des sources d’inspiration pour la relève en sport de glisse dont, entre autres, Érik Guay, skieur émérite, cumulant plusieurs titres aux Championnats du monde et Jasey-Jay Anderson, planchiste, couronné d’or en 2010 aux Jeux olympiques de Vancouver.
Société du patrimoine SOPABIC
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