Chronique « Pour et par les jeunes »
Avec le temps…
Par Amélia Filteau, étudiante en sciences humaines
Grand-papa, j’avais seize ans lorsque tu nous as quittés à cause de la maladie. Sur ton lit de mort, où je ne pouvais être présente, tu as pensé à moi; tu étais si heureux que j’aie ma première voiture. Tu es de loin le grand-parent avec lequel j’ai le plus de souvenirs, même s’ils ne sont pas si nombreux.
Avant que tu ne sois trop malade, quand j’allais chez toi, on se rendait ensemble au dépanneur du coin. Tu m’achetais ces bonbons à la guimauve qui sont en forme de cornet de crème glacée. Maintenant, chaque fois que j’en vois, ça me fait penser à toi. Je m’en veux terriblement de ne pas t’avoir connu davantage. On m’expliquait à quel point tu avais la joie de vivre et à quel point tu adorais faire rire les autres. Mais, à la fin de ta vie, la maladie t’avait changé, de sorte que je n’ai jamais pu te connaître sous cet angle plus positif. On ne se voyait qu’à quelques occasions pour s’échanger des mots polis, rien de très personnel, et je me déteste aujourd’hui pour cette raison; je n’ai pas assez poussé à savoir qui tu étais et maintenant il est trop tard…
Mamie, j’avais environ huit ans quand tu nous as quittés à cause de la maladie. Je me rappelle encore, ce soir-là, quand ma mère était venue me chercher, tard le soir, chez une de ses amies qui me gardait en raison de ton décès inattendu. Ma mère, en pleurant, m’avait annoncé que tu étais partie dans le ciel et que je ne te reverrais plus. Je ne comprenais pas, c’était impossible. Dans ma tête, tu étais au chalet et tu attendais qu’on vienne te voir la fin de semaine. Les seuls souvenirs marquants qu’il me reste de toi, ce sont les vidéos que mes parents avaient filmées lorsqu’on était ensemble. J’aime bien les regarder pour me souvenir à quoi tu ressemblais, car je n’ai pas envie de l’oublier avec le temps…
Grand-maman, j’avais trois ans lorsque tu nous as quittés à cause de la maladie. Je me rappelle, encore aujourd’hui, la scène tragique, quand les ambulanciers étaient entrés dans la maison pour venir te chercher. Les lumières des gyrophares reflétaient dans les fenêtres embuées. Ils t’avaient soulevée de ta chaise berçante sur laquelle tu passais une bonne partie de ton temps. Après ce jour, la chaise était demeurée vide. Je cherchais à savoir où était passée ma grand-maman et pourquoi sa chaise était toujours vide. Ma mère me dit souvent à quel point je te ressemble de profil. Mais moi, je ne sais pas à quoi tu ressemblais de profil et j’aimerais bien m’en souvenir, car j’ai oublié avec le temps…
Papi, j’avais un an quand tu nous as quittés à cause de la maladie. J’aimerais avoir un petit souvenir de toi, quelque chose à laquelle je pourrais me rattacher. La seule chose que j’ai, c’est une simple photo de toi et de grand-maman avec le sourire si chaleureux. Une chose que je sais sur toi, c’est que tu étais un grand fan des Canadiens de Montréal. Mais j’aimerais tellement savoir des choses anodines sur ta personnalité. Quelle est ta couleur préférée? Quel est ton plat préféré? Malheureusement, je n’ai jamais pu te poser ces simples questions, car le temps s’est écoulé trop vite pour toi…
Le temps s’écoule si vite qu’en un battement de cil, il continue d’évoluer rapidement, apportant de perpétuels changements avec lui. Il s’étire sur un mince fil qui peut se rompre à n’importe quel instant. Alors, profites-en avant qu’il ne se casse et qu’il emporte quelqu’un que tu chéris. Prends le temps d’aimer et de saisir chaque moment qui peut sembler peu important ou anodin dans ta vie. Car, avec le temps, on ne sait jamais…
*Toutes les deux semaines, L’info du Nord publiera dans ses pages un texte écrit par un étudiant du Centre collégial de Mont-Tremblant. Cette chronique « Pour et par les jeunes » est rendue possible grâce à la participation des étudiants qui prennent la plume et de l’enseignant en français Alexandre Dupuis-Plamondon, impliqué dans ce projet depuis le premier jour. Nous sommes très heureux de cette belle collaboration donnant la parole aux jeunes de la communauté étudiante d’ici.
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