Les régions cherchent des jeunes désespérément

Vieillissement de la population, pénurie de main d’œuvre : les Laurentides, comme les autres régions du Québec, manquent cruellement de jeunes actifs. Tenter de les attirer, c’est la mission de l’organisme Place aux jeunes en région.
Les affiches «nous embauchons» sont légions dans les Laurentides, comme dans tout le Québec. C’est une réalité, les régions sont en manque de main d’œuvre. Certains commerces se retrouvent dans l’obligation de restreindre leurs heures d’ouverture, de fermer plusieurs jours par semaine voire pire de mettre la clé sous la porte.

Depuis plusieurs années, l’organisme Place aux Jeunes en région tente de remédier à ce problème. Sa mission, séduire les jeunes qualifiés de 18 à 35 ans, installés dans les centres urbains (Montréal, Québec). Pour les inciter à venir s’installer en région, 100 agents de liaisons, répartis sur tout le territoire du Québec, rivalisent d’inventivité. Pour la MRC des Laurentides, c’est Véronique Poulin qui est en charge de l’attraction, l’intégration et la rétention de ces jeunes talents.

Opération séduction

À l’occasion de la Semaine des régions du 6 au 12 février, plusieurs initiatives sont mises en place pour découvrir les perspectives d’emploi et de vie offertes en région. Du côté des Laurentides, l’accent est mis sur la nature, la qualité de vie, la culture et surtout la multitude d’activités de plein air disponibles, et ce quelque soit la saison. Chaque année, Véronique Poulain organise d’ailleurs des séjours exploratoires pour montrer les richesses du coin. Au programme, réseautage avec des acteurs majeurs de la région mais surtout découverte des atouts de Mont-Tremblant et ses alentours, avec en prime activité en plein air et nuit au Domaine Saint-Bernard.

Sur la période 2021-2022, 3362 personnes sont d’ailleurs venues s’installer dans la MRC des Laurentides d’après l’Institut de la Statistique du Québec. Mais 2488 en sont parties. Le solde migratoire interrégional reste positif mais il n’est que de 206 pour les jeunes entre 15 et 34 ans. Un chiffre à nuancer d’autant plus par la présence de saisonniers.

Problème de logement

Car la principale difficulté est de faire rester ces jeunes. «L’un des problèmes majeurs de la région est le manque de logements.», confesse Véronique Poulin. Les prix sont en effet de moins en moins abordables pour des jeunes qui se lancent tout juste dans la vie active. Avec plus de 10% du marché locatif occupé par Airbnb, Mont-Tremblant fait la part belle à ses activités touristiques. Certains gros employeurs tentent de pallier ce problème en proposant des logements temporaires afin de laisser le temps à leurs nouveaux employés de s’établir dans la région. Mais toutes les entreprises n’ont pas les moyens d’offrir cette solution à leurs employés.

Résultat, à la fin de l’année 2022, il y avait 160 085 postes vacants (soit environ 65 %) qui se trouvaient en dehors des régions administratives de Montréal et de Laval. Pour les Laurentides, on évoquait 15 961 emplois vacants au premier trimestre 2022. Une situation alarmante, qui n’est pas prête de s’arranger pour le moment comme l’explique Luc Dastous, président de Place aux jeunes en région. « Selon Emploi-Québec, le nombre d’emplois disponibles partout au Québec devrait augmenter au cours des huit prochaines années et toucher un sommet jamais atteint en 2030, donc cette nouvelle réalité durera encore longtemps. Nous devons réfléchir collectivement à des pistes de solution. »