La violence conjugale, « une responsabilité collective », dit L’Ombre-Elle
Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale adressait récemment une lettre ouverte au gouvernement provincial pour rappeler que cette violence reste un fléau. Il réitère que les organismes ont encore besoin d’aide pour protéger les femmes et les enfants.
« Offrir de l’aide d’urgence à chaque femme qui en fait la demande et prévenir la violence au plan sociétal: ce sont là deux des missions essentielles et indissociables dont nous sommes investies en tant que maisons d’aide et d’hébergement. Une promesse que nous n’avons pas toujours la possibilité de tenir, faute de moyens, et qu’il est capital de garantir », peut-on lire.
Moins d’appels à l’aide
Parmi ces instances qui aident les femmes, il y a L’Ombre-Elle, maison d’hébergement pour femmes violentées sur notre territoire. « Il y a eu 5 homicides [liés à la violence conjugale au Québec] depuis le mois de janvier. C’est beaucoup en début d’année. Ça nous inquiète. En ce moment, le téléphone ne sonne pas beaucoup. Depuis deux ans, la maison est tout le temps pleine avec une liste d’attente et là, on a de la place. Ça fait longtemps qu’on n’a pas vu ça. Évidemment, on ne souhaite pas que la maison soit remplie, mais on sait qu’il y a des besoins quand même. C’est ça qui est inquiétant. Comment se fait-il qu’elles n’arrivent pas à nous rejoindre? », se questionne Myriam Tison, directrice générale de L’Ombre-Elle.
Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale émet l’hypothèse que la pandémie y est pour quelque chose.
« Confinées avec leur conjoint à la maison, coupées de leur cercle familial, amical et de travail, elles ont vu la violence s’intensifier en gravité et en fréquence. L’assouplissement des mesures sanitaires et le retour potentiel à une vie normale nous font craindre le pire. Après des mois à avoir le contrôle total sur leur conjointe, comment les conjoints violents vont-ils réagir quand elles pourront retourner au travail, voir leur famille et ami.e.s? »
Tous responsables
Myriam Tison affirme que les personnes qui entourent une femme victime de violence jouent un rôle majeur. « L’entourage est vraiment important. Moi j’invite toute personne qui a un soupçon sur de la violence conjugale, qui entend des choses, à réagir et à ne pas attendre. En ce moment surtout et même dans la vie normale, il faut prêter main-forte. Si on n’est pas sûr, on appelle quand même le 9-1-1, juste pour aller vérifier. La violence conjugale touche tout le monde et tout le monde peut alerter les policiers. »
Besoin de prévenir
Mme Tison croit qu’il est primordial d’aller à la source et sensibiliser les jeunes qui commencent leur vie amoureuse. Elle aimerait avoir les moyens d’aller davantage vers eux. « Ce qu’on trouve de majeur, c’est la sensibilisation dans les écoles, chez les entrepreneurs et dans la communauté. C’est très important et on n’a pas d’argent pour financer ça, alors qu’on est une ressource qui se forme constamment là-dessus pour aider les gens le mieux possible. Quand on regarde par exemple à l’école, les jeunes filles et leurs rapports amoureux, déjà, elles sont souvent dans des situations dangereuses ou qui ne sont pas du tout en rapport égalitaire. »
Elle rappelle que le gouvernement a versé des subventions de soutien pour les maisons d’hébergement dans la dernière année et salue ce grand soutien, mais croit qu’une personne responsable de la sensibilisation et au programme de prévention dans la communauté à L’Ombre-Elle pourrait vraiment venir optimiser l’offre de service de l’organisme.
*En 2020, L’Ombre-Elle a eu 1884 demandes et reçu 307 femmes et enfants en hébergement alors qu’en 2018-2019 elle a eu 1650 demandes et reçu en hébergement 391 femmes et enfants.
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