«Pour moi, c’est rendu un cadeau de vieillir» -Lucie Riggi
Lucie Riggi avait 42 ans quand le cancer l’a atteint. 10 ans plus tard, elle respire la santé. Mais la maladie a laissé une cicatrice profonde, tant dans son corps que dans son âme.
propriétaire de la boutique de lingerie Roméo et Juliette, à Mont-Tremblant, se souviendra toujours de la journée du 25 mai 2005: le jour où sa vie a basculé.
«J’étais en train de monter des escaliers quand le téléphone a sonné, raconte-t-elle. Je me rappelle que lorsqu’on m’a dit à l’autre bout du fil que le test de dépistage du cancer du sein était positif, j’ai arrêté d’écouter et je me suis assise dans les marches. C’est comme si deux 18-roues venaient de me passer dessus!»
Elle a dû ensuite subir une mastectomie, soit l’ablation complète du sein. Un mois de répit a suivi l’opération, puis la femme a dû subir une batterie de tests pour voir si le cancer s’était propagé ailleurs. Par chance, tout augurait bien: elle s’en est ainsi tiré avec huit traitements de chimio, un aux deux semaines.
«Le 4 février 2006, on m’a dit qu’il n’y avait plus trace de cancer. Dix ans plus tard, tout va pour le mieux», dit Mme Riggi, non sans fierté.
L’après tout aussi difficile
La maladie a néanmoins laissé sa marque sur la Tremblantoise d’adoption. L’expérience a complètement chamboulé sa vie. Au terme de ses traitements, elle avoue qu’elle se sentait comme si elle souffrait d’un syndrome de stress post-traumatique.
«C’est après que tout sort. Tu as l’impression que tout le monde a changé autour de toi. En fait, c’est exactement la même chose qu’avant: c’est toi qui a changé», avance-t-elle.
Cette prise de conscience amène souvent à de profonds bouleversements, qui ne se font pas toujours sans heurts. Lucie Riggi a perdu son emploi et a vécu une séparation avec son mari. Par contre, ça lui a permis de mener à bien son rêve: avoir sa propre boutique de lingerie.
Sa perception du monde a changé aussi: elle se sent plus sage et plus empathique qu’avant. Elle a cependant développé une «intolérance au monde négatif», comme elle le dit. Elle refuse de perdre son énergie à se plaindre et à soutenir des gens qui voient tout en noir ou vivent mal leur vieillissement. «Pour moi, c’est rendu un cadeau de vieillir», conclut-elle.
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