«Tout d’un coup, on effaçait 125 ans d’histoire»
Invitée d’honneur du premier déjeuner d’affaires de la Société des élus des Laurentides, le 10 septembre à Labelle, la mairesse Colette Roy-Laroche de Lac-Mégantic a accepté de raconter son histoire.
Son auditoire se composant essentiellement d’échevins comme elle, elle a abordé les divers défis qu’elle a dû relever dans le cadre de ses fonctions, lorsque la tragédie a frappé sa communauté.
Rappelons que dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013, un train rempli de pétrole a déraillé en plein centre-ville de Lac-Mégantic, provoquant une explosion majeure et la mort de 47 personnes. Le centre-ville complet de la municipalité a été soufflé, incendié et contaminé par le pétrole, qui a aussi pollué le lac Mégantic et la rivière Chaudière qui y prend sa source.
«C’était comme un mauvais cauchemar, a-t-elle confié aux 100 personnes venues l’écouter. Sur le coup, j’ai été happée moi aussi par l’ampleur du sinistre, j’étais une citoyenne en état de choc. Puis, tout à coup, je suis revenue à moi et j’ai dit à mon mari [décédé depuis], “Mais c’est moi la mairesse! Il faut que j’agisse!”».
Six premiers mois infernaux
Mme Roy-Laroche décrit les six premiers mois qui ont suivi la tragédie comme une spirale infernale de gestion de crise. Il fallait veiller à la sécurité du public, retrouver les morts, décontaminer le site et protéger l’environnement, tout en gérant les médias. L’aide aux sinistrés a pris toute la place.
Rapidement, la mairesse a fait des pieds et des mains avec les autres décideurs méganticois pour relocaliser les commerces du centre-ville. Grâce à une loi spéciale de Québec, les élus ont appliqué un programme particulier d’urbanisme dans le secteur sud de la ville, qui périclitait déjà depuis quelque temps, afin d’y reconstruire un centre-ville permanent.
Tant d’efforts pour rien
Finalement, la vie normale a pu reprendre à Lac-Mégantic, amenant avec lui un certain découragement de la mairesse. «J’ai été élue pour la première fois en 2002, et durant onze ans, la Municipalité a mis de l’argent et des efforts considérables pour contrer le déclin du centre-ville. Les propriétaires avaient embarqué avec nous et notre centre-ville était rendu plus beau qu’il n’avait jamais été. Et là, en quelques secondes, tout avait été anéanti. Tout d’un coup, on effaçait 125 ans d’histoire», dit la dame avec émotion.
Deux ans plus tard, alors qu’elle quitte ses fonctions, Colette Roy-Laroche sait que les gens de Lac-Mégantic ont encore toute une côte à remonter, après le traumatisme collectif vécu. Mais elle garde espoir de voir cette ville conserver ses services et se diversifier au plan économique. Elle espère que malgré la tragédie qui a frappé la ville, Lac-Mégantic saura se réinventer et redevenir le milieu de vie intéressant qu’il fut.
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