À l’occasion de son 35e anniversaire de carrière, Gregory Charles, fort de milliers de spectacles interactifs et de plus de 13 000 chansons chantées sur scène, a présenté Une voix, dix doigts, un spectacle solo où il a dialogué spontanément avec la foule, uniquement accompagné de son piano. La salle était presque pleine : plus de 550 billets avaient été vendus pour l’occasion.

L’artiste a su créer une atmosphère chaleureuse en partageant des moments intimes, notamment l’histoire de sa famille. Il a raconté comment son père, descendant d’esclaves, avait rencontré sa mère à Montréal et comment la musique avait été leur langage commun.

S’investir pleinement

Avant de se lancer dans l’interprétation de ses chansons, Gregory Charles a évoqué un précieux conseil maternel : « Ma mère, avant tous les spectacles, elle me disait toujours : « Remarque bien, dans le soir que tu vas voir, cet après-midi ou ce soir, il y a là quelqu’un dont c’est le premier spectacle. Il y a aussi peut-être là quelqu’un dont c’est le dernier spectacle. Et pour tous ces gens-là, y compris les deux extrêmes, il faut que ce soit 250% de toi-même. » Une philosophie qu’il a manifestement appliquée avec passion ce soir-là.

L’impact des enseignants

Gregory Charles a également rendu hommage à l’impact déterminant des enseignants dans la vie d’un enfant. « Ce sont toujours drôles parce que des fois, on a tendance, quand on parle d’un prof, à parler du pire. J’en ai eu des malins, mais j’en ai eu particulièrement des bons. » Il a raconté ses débuts à l’école primaire : « Quand je suis arrivé à l’école primaire, même si je faisais déjà plein de musique, je suis allé voir ma prof de piano, et je lui ai dit, je veux faire partie de la chorale. Elle m’a dit, « Ok. » Et j’ai demandé combien de personnes il y avait dans la chorale. Et elle m’a répondu « On commence avec toi. » »

Ce souvenir lui a permis de souligner l’importance du mot « oui » dans le parcours d’une vie : « Ma mère disait ça. Le mot « oui », c’est le mot le plus puissant, le mot qui rend tout possible. » Il a salué la force de l’engagement de son enseignante : « Elle aurait pu dire, désolée, il n’y a pas de chorale ici, elle aurait pu dire, ce n’est pas dans ma description de tâche. À la place, elle a dit oui. Et ce oui-là a eu un énorme impact sur ma vie. »

La réussite de la vie

Dans une envolée pleine de sensibilité, Gregory Charles a tenu à rappeler l’ampleur de l’engagement des spectateurs présents : « Alors, dans une priorité d’éducation, c’est pour ça. Et, au risque d’avoir l’air grandiloquent, j’ai envie de dire, c’est beau la phrase « réussite scolaire ». Elle est vraiment belle, cette phrase-là. Mais elle n’est pas tout à fait exacte. Parce que, dans le fond, en venant cet après-midi, vous n’êtes pas venus juste soutenir la réussite scolaire. Vous êtes venus soutenir la réussite de vie. »

Il ajoute : « La vie dépend aussi de ce que l’on apprend dans nos années de formation. Ça ouvre notre esprit, notre imaginaire sur le monde. Ça nous dit à nous-mêmes qu’il y a peut-être encore plus possible que ce qu’on avait imaginé. Vous êtes venus soutenir le possible, l’impossible, le futur, pas juste sur le plan scolaire, mais sur le plan de toute une société. »

Enchanter la foule

La soirée s’est poursuivie avec un jeu d’improvisation musicale intitulé l’alphabet, où Gregory Charles invitait le public à lui proposer des lettres, trouvant aussitôt des chansons associées. Ce jeu, entrecoupé d’anecdotes tirées de son enfance ou de sa tournée avec Céline Dion, a enchanté la foule, entre rires, souvenirs émouvants et grande humanité. Jusqu’à la toute fin, Gregory Charles a su instiller l’espoir, l’amour, la joie et surtout, cette irrésistible envie de dire « oui ».

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