Assouplissement de mesures sur la maladie débilitante chronique des cervidés
Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a pris la décision d’assouplir certaines mesures concernant la surveillance et le contrôle de la maladie débilitante chronique des cervidés au Québec, spécifiquement dans certains secteurs des Laurentides et de l’Outaouais.
Des mesures d’assouplissement ont aussi été mises en application en 2019. Mais depuis six ans après la surveillance dite rehaussée, le ministère ne relève aucun cas de la maladie débilitante chronique des cervidés (MDC) détecté chez des cervidés sauvages analysés autour d’un élevage établi dans le sud des Laurentides, où la maladie a été détectée en 2018.
Le MELCCFP rassure la population « que le risque que la MDC soit présente dans la faune de ce secteur est suffisamment faible pour alléger certaines mesures de surveillance et de contrôle pour la saison de chasse 2024 », informe-t-on par le biais d’un communiqué.
Précisément, le MELCCFP lève les restrictions de déplacement de certaines pièces anatomiques de cervidés qui sont abattus dans un rayon de 45 km de l’élevage touché en 2018 pour la saison de chasse 2024 de l’orignal et du cerf de Virginie.
« Les carcasses entières et toutes les pièces anatomiques des cervidés pourront à nouveau sortir de ce rayon, par exemple pour être emmenées chez un boucher ou un taxidermiste, ou encore à une station d’enregistrement », indique le ministère.
Fin du prélèvement d’échantillons obligatoire
Cette dernière restriction indique aussi qu’aucun prélèvement pour la MDC ne sera effectué dans les stations d’enregistrement sur les orignaux et cerfs de Virginie en question pour la saison de chasse 2024.
Cela ne veut pas dire que le ministère baisse les bras sur la surveillance. Plutôt, il poursuivra la surveillance de la maladie grâce à la collaboration d’un réseau de boucheries.
« Les chasseurs sont fortement encouragés à faire analyser les cerfs de Virginie âgés de plus de 12 mois en faisant préparer leur gibier chez un boucher qui participe à la surveillance de la MDC. La liste sera disponible en ligne dès que possible », ajoute le MELCCFP dans sa communication.
Le ministère annonce également que pour 2024 les chasseurs de cerfs de Virginie pourront de nouveau enregistrer en ligne leur trophée de chasse.
On ajoute que par mesure de précaution, en 2024, « des permis de cerf sans bois ont été délivrés dans la zone de surveillance rehaussée. Cette mesure permet, de manière temporaire, de maintenir une faible densité de cerfs dans cette zone pour limiter la transmission de la maladie, dans le cas où un animal infecté aurait échappé à la surveillance. »
C’est une maladie mortelle et incurable, souligne par ailleurs le MELCCFP.
Réaction
Cette nouvelle réjouit la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FQCP), dont plusieurs associations de la région sont membres. Le biologiste Michel Baril en a discuté avec L’info.
« C’est une bonne nouvelle, car les années passent et on constate que la MDC ne s’est pas installée au Québec et c’est l’essentiel de notre bonheur! Quand on suit l’histoire, on voit qu’aux États-Unis, la situation a plutôt tendance à se dégrader. »
Quand on demande à M. Baril quelle fut la réaction initiale des chasseurs de la fédération lors de l’application des mesures en 2018, il répond ainsi, bien que le temps ait joué son rôle de flouter la mémoire, dit-il.
« C’était plutôt sur la manière que les annonces avaient été faites. Ça a surpris les gens. Il y avait des éléments sur lesquels nous avions des réserves, dont l’embauche de firmes de « snipers » pour abattre les animaux. Nous aurions préféré utiliser un peu plus la chasse à ce moment-là. »
Dans La Rouge
Fabrice Larose de Rivière-Rouge, membre du regroupement des Chasseurs de la 117 Nord, revient sur la MDC dans la grande région.
« Dans nos zones respectives, la 10 et la 11, je n’ai jamais entendu de cas de MDC. Certaines de leurs mesures étaient probablement par peur que la MDC se répande à un autre niveau. Mais ici dans les Laurentides, c’est très rare. Je sais aussi qu’une de leur mesure principale était d’enlever l’urine naturelle des tablettes (aujourd’hui on ne retrouve que de l’urine synthétique) pour éviter la transmission de la MDC. Retirer certaines de ces mesures peut être bon dans un sens, des fois ça évite une gestion qui au final n’est pas nécessaire. Mais comme dans tout, ça peut avoir de mauvais effets. Braconnage plus accru? Prélèvement d’un gibier dans différentes zones et aussi enregistré ailleurs… c’est tellement vaste comme sujet. La MDC on l’a vue plus dans les densités élevées, mais dans les Laurentides, nous sommes considérés comme une densité faible… »
Bilan de la surveillance de la MDC en 2023
Selon le MELCCFP, « la surveillance de la MDC effectuée en 2023 dans la zone de surveillance rehaussée a permis d’atteindre les objectifs fixés par le Ministère. Grâce à la collaboration des chasseurs, un total de 681 cerfs de Virginie et 23 orignaux ont été analysés dans ce secteur. Aucun cas positif n’a été détecté. Ailleurs au Québec, 4 229 cerfs de Virginie, 12 orignaux et un caribou ont également été analysés. Tous les résultats se sont révélés négatifs .»
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