Mouton noir: « C’était notre deuxième maison», dit la copropriétaire
Dans la nuit du 31 août au 1er septembre, un événement tragique a marqué la communauté des Laurentides : le Café Bistro Mouton noir, véritable institution culturelle, a été dévasté par un incendie. Ce lieu mythique, qui s’apprêtait à célébrer ses 19 ans d’existence, a été entièrement ravagé par les flammes, laissant derrière lui un vide immense dans le cœur de ses habitués et de la scène artistique.
Le Mouton noir n’était pas simplement un café ou un restaurant, c’était un point de rassemblement pour la communauté de Val-David et des environs. « En fait, le Mouton noir aurait fêté son 19e anniversaire le 3 septembre. C’était un resto, bistro, et surtout une salle de spectacles », raconte Katerine Payeur, copropriétaire. « Au fil des ans, des centaines de spectacles ont eu lieu ici, chaque samedi, avec des open mics les vendredis. Des artistes locaux, des groupes émergents, mais aussi des artistes de renom, se produisaient sur notre scène. » On note, notamment, le passage des artistes comme le P’tit Béliveau, Lisa Leblanc, Yann Perreau, Safia Nolin et Avec Pas d’Casque.
Ce qui rendait le Mouton noir unique, c’était sa capacité à créer un espace intime et chaleureux pour tous. « On avait une clientèle incroyablement diversifiée, des familles avec de jeunes enfants aux personnes âgées, et tous coexistaient dans une belle ambiance. C’était un lieu où les parents amenaient leurs enfants devenus adultes, où les jeunes de 19 ans partageaient une bière avec des gens de 50 ans. Il n’y avait pas de distinction d’âge, de classe sociale, ou raciale. Tout le monde se sentait à sa place. »
Le Mouton noir était également reconnu par la scène artistique québécoise. « Le Mouton faisait partie des petites scènes du Québec qui vont bien. L’année passée, on était en nomination au GAMIC. (Gala alternatif de la musique indépendante du Québec) », affirme la copropriétaire.
Un lieu de vie et d’amitié
Pour Katerine Payeur, le Mouton noir n’était pas seulement un établissement commercial, mais un véritable lieu de rassemblement. « C’était une institution fondée par un couple. Aujourd’hui, c’étaient leurs filles qui travaillaient avec nous. »
Cette atmosphère de camaraderie et de solidarité dépassait largement les murs du café. Chaque année, les amis et les habitués se réunissaient pour repeindre la terrasse ou faire des petits travaux d’entretien bénévolement. « Il suffisait de lancer un ‘‘Hey, on a besoin d’un coup de main’’ et tout le monde répondait. Les amis et les gens du coin étaient tout le temps là pour nous autres. C’est vraiment magnifique. »
L’impact de l’incendie est donc bien plus profond qu’une simple perte matérielle. « C’était notre deuxième maison », confie Katerine Payeur, émotive. « On n’a plus notre lieu de rassemblement. Il y a des gens qu’on côtoyait dans notre quotidien, juste là, mais qu’on voyait deux ou trois fois par semaine. Ils étaient devenus des amis, que là, on ne verra plus. Ça a été beaucoup de larmes. Ça semble encore irréel. Après, tu te réveilles le matin et tu te dis ‘‘non, ça ne se peut pas, c’est un cauchemar’’.»
Une communauté en deuil
Pour Félix Leroux, un chanteur et habitué du Mouton depuis ses débuts, le trou laissé par l’incendie est aussi béant.
« C’est une famille, le Mouton. C’est une place où les gens se rassemblaient au village. Chaque fois que tu allais là, c’était une place d’amis. C’est rare les places comme ça. C’était comme chez nous. C’était un endroit mythique, très rare.»
-Félix Leroux, chanteur
Aujourd’hui, ce lieu de vie a disparu, et la communauté locale se retrouve désemparée. « Tous les jeudis on se rencontrait là, toute la vieille gang. On ne saura plus où aller », déplore Félix Leroux.
Solidarité
La question de l’avenir reste incertaine. « On est trop tôt pour pouvoir se prononcer sur l’avenir. On est encore tous sous le choc », confie Katerine Payeur. « On s’entend qu’au final, malheureusement, c’est souvent une question d’argent », ajoute-t-elle.
En dépit de la tragédie, les signes de solidarité se multiplient. Les artistes locaux et les anciens clients se mobilisent pour soutenir les propriétaires et leur offrir de l’aide. « On a reçu des centaines de messages toutes sortes d’horizons et de partout. Beaucoup de messages de notre communauté et de Montréal. On a reçu du support de divers organismes et de toute la scène artistique », conclut Katerine Payeur.
Une collecte de fonds pour le Mouton noir circule également sur divers réseaux.
Si le Mouton noir a disparu dans les flammes, son esprit continue de vivre à travers les souvenirs et la solidarité de ceux qui l’ont fréquenté. La question de savoir si le lieu renaîtra de ses cendres reste encore ouverte, mais une chose est certaine : pour tous ceux qui l’ont connu, il restera un symbole fort de la culture et de la communauté des Laurentides.
Les autorités continuent d’enquêter sur les causes de l’incendie.
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