Crues subites
Bilan des récentes inondations sur le territoire
La fin de semaine de la Fête nationale des Québécois 2024 restera gravée dans les mémoires. Mais pour plusieurs résidents des Laurentides, ce ne sont pas les festivités, mais les crues subites qui s’attarderont dans leurs souvenirs.
Si les conditions printanières ont fait en sorte que notre région a été épargnée par les fortes crues printanières, les récentes précipitations et les crues soudaines qu’elles ont provoquées nous rapidement ramenées à la réalité. « J’ai l’impression que les printemps sont aux 3 mois. Moi, je n’avais jamais vu ça à Sainte-Agathe », déclarait le maire de Sainte-Agathe-des-Monts, Frédéric Broué.
Du jamais vu ?
Selon le gestionnaire du site Météo Laurentides, Éric Chatigny, la région de Sainte-Agathe a été parmi les plus touchées par les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la province le 23 juin dernier. « En tout, c’est 115 millimètres d’eau qui sont tombés en un peu plus de 24h à Sainte-Agathe. Ce sont des conditions qui s’apparentent à des restes d’ouragan. Mais les débits enregistrés sur la rivière du Nord, je crois que ça c’est jamais vu à cette période de l’année », indique-t-il.
Le spécialiste précise que la moyenne des précipitations au cours des 12 dernières années est de 111 mm pour le mois de juin au complet. « Nous en sommes à 170 mm pour le mois de juin 2024 ».
Par ailleurs, le débit de la rivière du Nord a culminé à 70 m3/s le 25 juin au matin alors que les plus fortes valeurs pour juin avaient été de 50 m3/s. « La moyenne du début en juin est normalement entre 4 et 6 m3/s au cours du mois donc près de 5 m3/s », précise Éric Chatigny.
Si d’autres secteurs de notre région ont aussi été fortement touchés avec des précipitations qui ont excédé les 100 millimètres à Mont-Blanc, Mont-Tremblant et Saint-Adolphe-d’Howard, c’est vraiment à Chertsey dans Lanaudière que la situation a été la plus critique à la suite des 125 millimètres d’eau reçus.
«Flash flood»
Selon le spécialiste de Météo Laurentides, l’abondance des précipitations reçues s’explique par une succession de bandes de précipitations intenses qui se sont concentrées aux mêmes secteurs. « C’est typique de conditions qu’on retrouve dans des climats tropicaux. Ce phénomène s’explique parce que l’air, de plus en plus chaud, absorbe davantage d’humidité », indique Éric Chatigny.
Ainsi, ces crues soudaines, communément connues sous le terme anglophone de flash flood sont appelées à devenir plus fréquentes en raison des changements climatiques. « Cela ne veut pas dire que l’on va en ravoir cette année ou l’année prochaine, mais sur une séquence d’une vingtaine d’années, on va en observer de plus en plus », indique Éric Chatigny.
Sur le terrain
Les conséquences de ces crues soudaines n’ont pas tardé à se faire sentir dans notre région ou plusieurs routes ont été inondées ou endommagées à Sainte-Agathe-des-Monts, Val-David, Val-Morin et Sainte-Lucie-des-Laurentides.
En soutien aux équipes des travaux publics et directeurs généraux des municipalités visées, la Sûreté du Québec, la Régie Incendies des Monts ( RIDM ) a fait une quarantaine d’opérations sur le terrain pour sécuriser des sous-sols inondés, tout en venant en aide aux résidents qui en avait besoin.
Du côté des instances gouvernementales, on rapporte que ce sont 18 municipalités qui ont contacté la Sécurité civile des Laurentides et Lanaudière pour faire état de la situation. « Ce qu’on a vu comme éléments notables, ce sont vraiment des infrastructures municipales, on parle de ponceaux, de ponts, de routes et de barrages récréatifs qui ont été touchés par le lavement provoqué par les eaux », indique la directrice de la Sécurité civile des Laurentides et Lanaudière. Françoise Bouchard.
Pour la majorité des municipalités, des réparations d’urgence ont pu être réalisées sur les routes relativement rapidement afin d’éviter que des citoyens soient enclavés. « Mais pour plusieurs municipalités, ce sera de longs travaux à faire pour mettre les infrastructures à niveau », soutient Françoise Bouchard.
Une bonne préparation
En prévision des conditions difficiles à venir, une mise en garde avait déjà été faite aux municipalités par la Sécurité civile. Malgré une bonne préparation, des changements devront être faits pour améliorer les choses.
« On des phénomènes extrêmes de plus en plus fréquents. On le voit, nos infrastructures sont vieillissantes. Leur conception n’a pas été pensée en fonction des charges que ces événements-là nous amènent. On travaille avec les ministères, les organismes et les municipalités pour développer notre expérience en gestion de sinistre. On ne peut pas juste agir après les faits, il faut trouver des façons de mieux prévenir ou encore, quand ce n’est pas possible de prédire, mieux agir pour atténuer les conséquences des sinistres », conclut Françoise Bouchard.
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