En un an, les claims miniers augmentent de 10 % dans les Hautes-Laurentides
La Coalition québécoise des lacs incompatibles à l’activité minière (QLAIM) a récemment souligné « l’invasion » des claims miniers dans 4 régions du Québec. D’août 2022 à août 2023, elle relève une augmentation de 10 % de ces claims dans les Hautes-Laurentides seulement. Et cela devrait inquiéter la population, confie-t-elle à L’info.
La Coalition QLAIM présentait sa mise à jour annuelle de sa carte des claims miniers dans le Sud-Ouest du Québec afin de prouver cette progression annoncée. Les régions retenues sont l’Outaouais, la Mauricie, Lanaudière et les Laurentides.
Dans la MRC d’Antoine-Labelle, située dans la région des Laurentides, le nombre de claims était chiffré à 2 688 en août 2022. On ajoute 10 % à ce chiffre pour la statistique d’août 2023.
Pour le porte-parole de la Coalition QLAIM, Louis St-Hilaire, il ne fait aucun doute que l’augmentation subite des claims miniers est sans doute due aux annonces du gouvernement québécois et son souhait de créer une filière minière. Au point que le parc national du Mont-Tremblant, dans la MRC voisine
des Laurentides, pourrait bientôt être ceinturé par les claims selon une carte présentée par la coalition.
« L’explosion de titres miniers autour du joyau qu’est le parc du Mont-Tremblant illustre très bien à quel point la préséance du régime minier n’est plus en phase avec notre époque. Le raz-de-marée des besoins allégués en nouveaux minéraux pour la transition énergétique requiert une réforme d’une même ampleur du régime minier », explique Louis St-Hilaire.
Cette carte, et plusieurs autres sont disponibles sur le site Web de l’organisme : coalitionqlaim.com.
Inquiétude face aux cibles d’aires protégées
Québec se flattait il y a quelques années à peine de vouloir protéger un pourcentage du territoire de la province, notamment au sud, d’ici 2030. Aujourd’hui, la coalition craint que Québec rate complètement sa cible en laissant les claims miniers augmenter de la sorte.
« Alors que de nombreux territoires d’intérêt pour la conservation du Sud-Ouest du Québec sont grevés de claims miniers, l’objectif du gouvernement québécois de protéger 30 % du territoire de la province d’ici 2030 est plus que jamais compromis. En effet, les droits consentis aux compagnies d’exploration minière empêchent la réalisation des projets d’aires protégées. Rappelons que cet accaparement du territoire se produit dans le plus grand secret dans toutes les régions du Québec sans consentement ni consultations préalables des nations autochtones et de la population en général », affirme M. St-Hilaire dans sa communication.
Réforme du régime minier demandée
La coalition QLAIM remarque qu’en août 2022, la nouvelle carte du boom minier dans le sud-ouest du Québec avait soulevé la société. Selon l’organisme, le grand bruit aurait mené à des consultations publiques du gouvernement sur un nouvel encadrement minier. Des groupes se sont mobilisés et ont fait part de leurs demandes, dont des modifications importantes au régime minier. Retenons celle d’enrayer la préséance accordée aux compagnies d’exploration minière sur l’aménagement du territoire.
Le rapport des consultations du printemps doit être divulgué par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts cet hiver, signale M. St-Hilaire.
« Nous invitons la ministre et le gouvernement à mettre fin à la préséance minière et à viser une réforme ambitieuse de l’encadrement minier, adaptée à notre époque où le respect des droits des peuples autochtones, l’acceptabilité sociale et la protection de l’environnement deviendront des conditions incontournables et prioritaires », explique-t-il.
Un travail d’équipe
La coalition QLAIM n’est pas la seule voix qui se fait entendre à ce sujet. Elle compte Eau Secours, SNAP Québec, MiningWatch Canada et Québec Meilleure Mine à ses côtés.
Voici des citations de membres de ces organismes.
« L’inaction du gouvernement pour stopper l’hémorragie des claims miniers compromet de plus en plus l’atteinte des cibles internationales de protection du territoire. Le gouvernement n’aura d’autre choix que d’actionner des mécanismes de retrait de claims pour progresser dans l’établissement d’aires protégées et conservées », affirme Alice de Swarte, directrice principale à SNAP Québec.
« Un an après la révélation du boom minier, le phénomène continue de se répandre sans que les solutions aient été adoptées pour y répondre. Avant d’agir, le gouvernement tenait à consulter la population au printemps dernier. Le public a parlé. Les demandes sont claires et les attentes sont grandes. La balle est dans le camp du gouvernement. Nous sommes impatients de participer à la suite des choses », dit Me Rodrigue Turgeon, co-porte-parole de la Coalition Québec Meilleure Mine et coresponsable de MiningWatch Canada.
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