Économie et environnement
Pour une exploitation plus harmonieuse des mines dans les Laurentides
Selon la MRC des Laurentides, l’augmentation des claims miniers est de l’ordre de 71 % dans les Laurentides depuis les dernières années. Cette progression fulgurante ne serait sans pas conséquence, surtout dans une région axée sur les richesses naturelles comme la nôtre.
Il y aurait approximativement 175 claims miniers dans la MRC des Laurentides, dont près de 30 seulement dans la municipalité d’Ivry-sur-le-Lac.
Pour l’experte en développement responsable de grands projets, Julie Forget Reid, c’est la transition énergétique, notamment les demandes de minéraux pour la production de batterie pour les véhicules électriques qui explique cet engouement pour les minerais comme le lithium et le graphite. « Dans les Laurentides, le cuivre, le nickel et le graphite sont les richesses naturelles qui sont le plus susceptibles d’attirer les prospecteurs », précise la spécialiste.
La nature compromise
Si le maire d’Ivry, André Ibghy est très préoccupé par cette tendance à la hausse, il admet toutefois que l’exploitation minière est nécessaire pour envisager la transition énergétique : « L’exploitation minière fournit des ressources essentielles pour les besoins de notre société. La plupart d’entre nous tirent profit de l’électrification des transports ».
Selon M. Ibghy, l’enjeu pour les Laurentides n’est pas d’interdire l’exploitation minière, mais plutôt de mieux l’arrimer au contexte de son milieu d’exploitation. « L’exploitation minière, c’est invasif. On ne peut exploiter une mine sans endommager le paysage naturel. Nos routes ne sont pas conçues pour accueillir le passage répétitif de gros camions. Ces dommages peuvent avoir un impact plusieurs années après la fin de l’exploitation […] Dans les Laurentides, nos valeurs sont liées étroitement à la qualité de nos lacs et nos rivières, c’est vraiment inquiétant », indique-t-il.
À ce sujet, il rappelle que notre région possède déjà une économie axée sur les activités récréotouristiques et que la destruction des forêts aurait un impact direct et négatif sur ce secteur d’activités. « L’industrie minière créée des emplois, mais en fera perdre au secteur récréotouristique », illustre-t-il.
Des enjeux environnementaux
Les impacts de l’exploitation minière sont nombreux et connus si on se fie à M. Ibghy. « L’industrie minière contribue à l’érosion, à la déforestation et à la perte de la biodiversité. Ça utilise beaucoup de ressources en eau, ça crée des problèmes d’évacuations des eaux usées liés aux drainages miniers acides, ce qui peut provoquer la contamination des sols et sous-sols et entrainer des problèmes de santé dans la population locale », indique M. Ibghy.
Contacté pour exprimer une réalité plus régionale, le préfet de la MRC Les Laurentides, Marc L’Heureux abonde dans le même sens. « On consacre beaucoup d’énergie et d’argent dans l’aménagement de parcs et d’endroits de conservation, puis on permet la destruction de la forêt […] L’activité minière, ça a une durée de vie maximum de 10 à 15 ans et ça a un impact sur notre activité économique durable ».
Présentement l’article 246 de la loi de l’aménagement et l’urbanisme stipule que les activités minières ont préséance sur les règlements municipaux. « Une fois qu’une mine a le feu vert, on n’a pas un mot à dire. Ce que les municipalités demandent, c’est que l’acceptabilité sociale soit reconnue comme un élément fondamental de tout projet minier. On veut pouvoir négocier à armes égales avec les compagnies minières pour assurer un développement harmonieux », insiste le maire d’Ivry-sur-le-Lac.
Être d’abord informés
Pour Julie Forget Reid qui travaille notamment comme consultante auprès de l’Union des Municipalités du Québec, ce pouvoir de négociation passe d’abord par la connaissance. « Il y a différentes manières de rendre un projet minier plus acceptable pour la population. Que ce soit par une compensation financière ou par des mesures pour réduire le bruit par exemple. Le fait d’avoir accès à l’information permet aux Municipalités d’avoir plus de leviers dans leurs négociations ».
Récemment, des consultations publiques ont été initiées pour mieux comprendre les préoccupations de la population. « Nous sommes très heureux de l’initiative de la ministre de consulter la population. Ça démontre une ouverture et la reconnaissance qu’il s’agit d’un débat de société qui doit se faire », se réjouit André Ibghy.
« On espère que ça ne soit pas juste un exercice de relations publiques. Il faut que ça débouche sur des solutions », conclut Marc L’Heureux.
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