Violence et communauté
Évoluer avec les visages de l’intimidation
Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, les plans d’intervention et les ressources qui ont été déployées dans le milieu scolaire et communautaire pour enrayer l’intimidation, le phénomène perdure dans les écoles des Laurentides.
Les chiffres démontrent que le phénomène est stable depuis quelques années. Bon an mal an, c’est environ 100 cas liés à l’intimidation ou à la violence qui sont rapportés dans les 23 établissements primaires et secondaires du territoire desservi par le Centre de services scolaire des Laurentides (CSSL).
Mais pour bien comprendre l’impact de la prévention et des plans d’intervention pour enrayer la violence et l’intimidation, le directeur général du CSSL, Sébastien Tardif dit qu’il est important de relativiser ces chiffres. « Aujourd’hui on est rendu là comme société. Il est établi que la violence à l’école, c’est inacceptable. Tout le personnel est formé pour intervenir, et cela multiple naturellement les interventions. Mentionnons aussi que la majorité des cas se règlent très rapidement », mentionne le directeur général.
M. Tardif rappelle que la sensibilisation et la mise en place de stratégies pour contrer la violence encouragent la dénonciation, ce qui a aussi un impact direct sur le nombre de dossiers. « Tous les cas sont pris au sérieux et sont répertoriés », rappelle le gestionnaire.
Par ailleurs, selon une étude réalisée par le CSSL, 90 % des élèves, des parents et ses membres du personnel se considèrent en sécurité à l’école. « Mais on apporte de l’importance au cas qui se déroule en dehors de l’école », assure Sébastien Tardif.
De plus en plus jeune
Si les plaintes reliées à l’intimidation étaient souvent associées aux élèves du secondaire passé, elles sont toujours plus nombreuses au primaire. « C’est très peu fréquent au premier et deuxième cycle du primaire et habituellement ça commence à apparaître au troisième cycle du primaire. Les différences seraient les premières causes d’intimidation », rapporte M. Tardif.
S’il est plus facile d’intimider quelqu’un derrière un écran, les élèves ont aussi accès aux téléphones cellulaires, à l’ordinateur et à la tablette beaucoup plus tôt qu’auparavant, fait remarquer Sébastien Tardif. « Souvent ça commence sur le net et ça se transporte à l’école », indique-t-il.
« Les enfants fréquentent des sites ou des plateformes que les parents ne connaissent pas et ça rend la surveillance plus difficile. Le filtre de l’écran, ça change le visage des intimidateurs. Ce sont parfois des premiers de classe, des élèves sans histoire qu’on n’aurait jamais pu imaginer comme intimidateurs ». Celui-ci fait aussi observer que les cas d’intimidation physique seraient très rares dans les écoles.
Sur le web
Comme l’indique le porte-parole de la Sûreté du Québec, Marc Tessier, les plaintes reliées à l’intimidation sont aujourd’hui plus fréquemment reliées aux activités sur les réseaux sociaux. La principale différence est que l’impact de l’intimidation sur les réseaux sociaux est plus important en raison de la vitesse à laquelle une information peut circuler et du nombre de personnes impliquées. «
Une fois qu’une photo ou un commentaire est parti sur internet, c’est plus difficile de récupérer ça. Ça peut laisser des traces longtemps », illustre-t-il.
Sébastien Tardif mentionne que les temps non structurés sont les moments où les actes de violence sont le plus susceptibles de survenir.
« Garder les enfants occupés aide à gérer les mauvais comportements. Mais le risque zéro n’existe pas »
-Sébastien Tardif, directeur général du CSSL
Lorsque des événements surviennent, les écoles disent collaborer avec les parents des victimes et des agresseurs pour offrir de l’aide selon un plan d’intervention. Des programmes de préventions qui prennent la forme d’ateliers d’habiletés sociales sont aussi dispensés dans les salles de classe. Des policiers communautaires de la SQ sont notamment beaucoup plus présents et accessibles dans les écoles. « Quand les élèves voient souvent les policiers, le contact est beaucoup plus facile », mentionne Marc Tessier. Au besoin, des organismes communautaires et des partenaires comme le CISSS des Laurentides et la DPJ peuvent apporter leur aide.
Responsabilité sociale
Selon M. Tardif, il est plus rentable d’enseigner les bons comportements et de les récompenser au lieu de juste punir. « Les ressources de l’école sont toutefois limitées. La violence et l’intimidation, c’est une responsabilité sociale. Comme société, on a fait de grands pas en avant. Je crois beaucoup en la complémentarité des rôles de chacun. L’important est de ne pas laisser trainer les choses, de ne plus ignorer. Quand tout le monde fait sa part, on voit que ça porte fruit ».
Définition d’intimidation selon le Centre de Services scolaire des Laurentides:
Tout comportement, parole, acte ou geste délibéré ou non à caractère répétitif, exprimé directement ou indirectement, y compris dans le cyberespace, dans un contexte caractérisé par l’inégalité des rapports de force entre les personnes concernées, ayant pour effet d’engendrer des sentiments de détresse et de léser, blesser, opprimer ou ostraciser.
*Nombre de plaintes déposées à la Sûreté du Québec de la MRC des Laurentides reliées à des violences dans les écoles :
2020 : 3
2021 : 6
2022 :11
2023 :4
10 de ces plaintes étaient reliées à des menaces; 5 à des voies de fait, 3 à de l’intimidation.
*La SQ tient à souligner qu’il est difficile de comptabiliser les plaintes par catégories, car l’intimidation peut être reliée à différents types de délits.
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