Jaisalmer, le Tombouctou indien (Inde)
À Jaisalmer, dans le Rajasthan, au cœur du désert de Thar, une puissante forteresse, qui surgit de terre comme un immense château de sable, domine le paysage.
Sa muraille, renforcée de 99 bastions, englobe une impressionnante enceinte de cinq kilomètres. À Jaisalmer, on est au bout de la route. C’est le Tombouctou indien.
Même décrépis, les murs massifs, les portes fortifiées et hérissées de pointes meurtrières afin de repousser jadis l’assaut des éléphants, illustrent à quel point cette Carcassonne du désert était imprenable. Mais devant la présence ennemie et l’imminence de la défaite, les Rajpoutes assiégés dans leur forteresse choisissaient, plutôt que de se rendre, d’accomplir le rite suicidaire du johar.
Dans un geste désespéré, ils ouvraient les portes de la citadelle pour se jeter sur les assaillants et s’en aller vers une mort certaine pendant que leurs femmes allumaient un immense bûcher dans la cour du palais royal pour se jeter avec leurs enfants dans les flammes.
Des bhatts, sortes de bardes qui voyagent de ville en ville, racontent encore aujourd’hui les hauts faits glorieux des Rajpoutes et rappellent aux enfants les grandes traditions de ce peuple… à une époque ou plutôt que de se rendre à l’ennemi, on s’immolait par le feu.
Il y a peu de circulation dans cette ville qui nous ramène au Moyen Âge. Quelques vélos, des motos, des rickshaws… et des vaches sacrées qui prennent toute la place. À Jaisalmer, les vaches qui errent dans les rues semblent surpasser en nombre les habitants, donnant à cette ville du bout du monde des allures de gros village.
Des havelis, ces résidences cossues sculptées dans la pierre et le bois pour de riches marchands à l’époque où Jaisalmer était sur le chemin des caravanes qui empruntaient la Route de la soie, en font un endroit unique.
C’est sans doute pour conjurer la rudesse et la monotonie du désert que les maisons sont décorées comme autant de coffres à bijoux ciselés et sculptés dans les moindres détails, et c’est sans doute pourquoi les turbans des hommes affichent des couleurs aussi intenses et éclatantes et que les femmes croulent littéralement sous le poids des bijoux même lorsqu’elles s’adonnent aux travaux des champs.
Gérard Coderre, résident de Saint-Adolphe-d’Howard, a visité plus de 150 pays avec son sac à dos. Passionné de voyages, de traditions et de découvertes, il adore parler de ses aventures. Chaque mois, il partagera des souvenirs avec les lecteurs de L’info.
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