Barrages routiers
Le recours à la Loi sur les mesures d’urgence dénoncé au Québec
Le Bloc Québécois et l’Assemblée nationale du Québec ont critiqué d’une même voix le recours à la Loi sur les mesures d’urgence le 14 février dernier par le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, visant à mettre fin aux divers barrages routiers organisés depuis la fin du mois de janvier à travers le pays.
La députée de la circonscription fédérale de Laurentides-Labelle, Marie-Hélène Gaudreau, comme le reste du Bloc, s’est déclarée le 16 février « farouchement hostile à l’application de cette loi au Québec ». Selon les bloquistes, avec cette loi, Ottawa « nie la volonté du Québec et ne tient aucunement compte du fait que l’État québécois parvient actuellement, sans intervention du fédéral, à contrôler la situation ».
« Le Québec ne souhaite ni les mesures d’urgence ni les soldats du Canada déployés chez nous. L’Ontario parle pour l’Ontario, le Québec pour le Québec », avait lancé le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, après l’annonce faite par M. Trudeau.
Des déclarations qui font écho à la demande unanime formulée le 15 février par l’Assemblée nationale du Québec de ne pas appliquer la Loi sur les mesures d’urgence au Québec.
Des mesures « ciblées » et « limitées »
« Je veux être très clair: ces mesures vont être limitées dans le temps et ciblées géographiquement. Elles vont être raisonnables et proportionnelles aux menaces à la sécurité du Canada. La Loi sur les mesures d’urgence va renforcer et soutenir le travail des policiers. On ne se sert pas de la Loi sur les mesures d’urgence pour déployer l’armée. On ne suspend par les droits fondamentaux prévus dans la Charte des droits et libertés. On ne limite pas la liberté d’expression ni le droit de manifester pacifiquement. Ce qu’on veut, c’est d’assurer la sécurité des Canadiens, protéger les emplois des travailleurs et rétablir la confiance dans nos institutions », a déclaré le premier ministre du Canada lorsqu’il a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence.
Le chef du Bloc l’avait aussitôt taclé: « Si le gouvernement avait soutenu la police d’Ottawa plus tôt, la question des mesures d’urgence ne se poserait pas ».
Appui du NPD
M. Trudeau peut toutefois compter sur l’appui du Nouveau Parti démocratique (NPD) dirigé par Jagmeet Singh, qui l’a exhorté dès le 10 février à agir, sans manquer, lui non plus, de le blâmer pour sa manière de gérer cette crise.
« Au lieu de faire preuve de leadership, depuis des semaines, le premier ministre a passé plus de temps à chercher des excuses qu’à proposer des solutions », a commenté M. Singh.
Le chef du NPD a évoqué des « occupations » qui « font mal aux familles, aux petites entreprises et aux travailleuses et travailleurs ». Il a en outre souligné le fait que des « factions d’extrême droite des États-Unis et d’ailleurs tentent d’introduire leurs opinions radicales au Canada, en finançant des extrémistes, en encourageant le racisme et l’antisémitisme et en menaçant de renverser le gouvernement. Cela ne peut absolument pas continuer ».
« Assez »
La cheffe du Parti conservateur du Canada (PCC), Candice Bergen, a quant à elle estimé important de prendre en considération que les Canadiens en ont tout simplement « assez » des restrictions et des mesures sanitaires obligatoires.
« Depuis deux ans, les Canadiens vivent avec les restrictions et les mesures sanitaires obligatoires liées à la COVID-19. Deux ans de confinements. Ils n’ont pas pu rendre visite à leurs proches. Ils n’ont pas pu voyager. Deux années d’isolement qui ont enflammé la crise de la santé mentale au Canada et qui ont fait du tort aux populations vulnérables du pays », a mentionné Mme Bergen le 10 février.
La veille, le chef du Parti populaire du Canada (PPC), Maxime Bernier, qu’on a pu voir aux côtés des protestataires du « Convoi de la liberté » à Ottawa, s’en est pris tant au fédéral qu’aux gouvernements provinciaux, sans oublier les « médias conventionnels ».
« Au lieu d’écouter et d’essayer de comprendre ces Canadiens et d’adapter ses politiques pour éviter de creuser un plus grand fossé dans notre société, le premier ministre les a diabolisés. Depuis les élections de l’automne dernier, il a adopté des mesures encore plus répressives pour les marginaliser et écraser toute dissidence », s’est indigné le chef du PPC.
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