François Legault veut « un Québec qui gagne »
« Maintenant que le pire de la pandémie est derrière nous, c’est le temps de se projeter dans l’avenir », a lancé le premier ministre du Québec, François Legault, le 19 octobre. Si elles sont tenues, plusieurs promesses risquent d’avoir des répercussions dans la région.
Dans un discours d’ouverture de plus d’une heure, M. Legault a voulu marquer le début de la 2e session de la 42e législature à l’Assemblée nationale en donnant le cap pour un Québec « plus prospère », « plus vert » et « plus fier ».
Combattif, le premier ministre a paraphrasé l’ancien président américain Kennedy et a invité les Québécois à additionner leur bonne volonté pour se remettre en action, sans céder à la peur ou à l’immobilisme.
Décidé à laisser en arrière les nuages de la COVID-19, M. Legault s’est dit déterminé à « finir le travail » amorcé voilà maintenant trois ans. Il espère d’ailleurs être en mesure de lever l’urgence sanitaire au début de l’année 2022 – « si tout va bien » – quand les enfants de 5 à 11 ans seront vaccinés.
Revenant sur les failles révélées par la pandémie, M. Legault a également noté que le Québec avait dû faire preuve de créativité dans plusieurs domaines. Il y voit la preuve que les Québécois sont capables de faire bouger les choses.
Décentralisation annoncée en santé
À un an des élections provinciales, le populaire premier ministre fait de la santé sa priorité. Six ans après la réforme de l’ex-ministre libéral Gaétan Barrette, qui a accouché des centres intégrés de santé et de services sociaux, M. Legault table quant à lui sur une décentralisation vers les régions et même les sous-régions (c’est-à-dire les municipalités régionales de comté; MRC). Il estime que le ministère de la Santé et des Services sociaux devrait fixer les objectifs et évaluer les résultats, mais que les moyens pour y arriver devraient échoir aux personnes sur le terrain, proches de l’action.
Par ailleurs, il entend revoir l’organisation du travail de ce réseau devenu « dysfonctionnel » et en finir avec la dépendance aux agences de placement privées. M. Legault souhaite accélérer la transformation numérique de l’État afin d’aider la population à obtenir de meilleurs services. Un ministère sera spécifiquement créé à cet effet.
Une révolution bénéfique pour les travailleurs
Côté économie, M. Legault pense que le Québec a toujours du retard à rattraper et que la pandémie a démontré qu’il était dangereux de trop dépendre de ses voisins. « On importe 50% de ce qu’on mange », a-t-il donné en exemple.
La « révolution » en cours sur le marché du travail, due à la pénurie de main-d’œuvre, arrache un sourire à cet ancien patron, qui y voit la promesse d’une amélioration des salaires et des conditions pour les 4,5 millions de travailleurs du Québec, dans un contexte où le coût de la vie augmente, notamment en ce qui concerne l’épicerie et le logement. Le manque de main-d’œuvre est d’après lui une opportunité pour les entreprises d’innover et pour les travailleurs de se (re)qualifier.
Le défi selon M. Legault est de combler rapidement les postes dans les services essentiels et, à plus long terme, d’ajouter 100 000 travailleurs qualifiés dans les domaines de la construction, des technologies de l’information et du génie.
« Plus que jamais, votre gouvernement va être le gouvernement des régions. »- François Legault
Le premier ministre soutient du même souffle que dans certaines régions, les emplois manquent pourtant. Il se penchera sur la situation, MRC par MRC et réitère sa promesse de transférer en région des milliers d’emplois de la fonction publique.
« Le siècle du Québec »
Il croit que le XXIe siècle sera « le siècle du Québec » et voit dans les récents contrats signés par Hydro-Québec au Massachusetts et à New York la preuve tangible que le Québec a bel et bien les capacités d’être « la batterie verte de l’est de l’Amérique ».
Et pour atteindre la cible de la carboneutralité en 2050, M. Legault veut que le Québec renonce définitivement à extraire des hydrocarbures sur son territoire et crée un pôle mondial de transport électrique, pour la filière des batteries et pour la production d’hydrogène vert. Il annoncera également dans les prochains mois les zones d’innovation où chercheurs et entreprises travailleront main dans la main.
Diplomation, immigration, culture
Aux parents, il promet « une vaste offensive » pour mettre à leur disposition les 37 000 places qui manquent en services de garde, tandis qu’il veut passer de 82% à 90% de jeunes sortant de l’école avec un diplôme ou une qualification. Pour y arriver, il compte notamment réinventer la formation professionnelle.
À ceux qui voient dans l’immigration la solution aux problèmes de main-d’œuvre, le premier ministre répond que du fait de sa situation en Amérique du Nord, la nation québécoise ne saurait avoir le même modèle que le Canada anglais en la matière. Il réclame plus de pouvoirs dans ce domaine.
Insistant sur l’importance d’être « un Québec qui gagne », M. Legault se propose de cultiver dès l’enfance le sentiment d’appartenance à une communauté nationale. En ce sens, le cours d’éthique et de culture religieuse devrait être remplacé par un cours de culture et de citoyenneté québécoises. Autre chantier en lien avec la culture et l’identité: avoir une politique nationale d’architecture et prendre davantage soin du patrimoine bâti.
Enfin, M. Legault souhaite que le Québec puisse « recommencer à être partenaire » avec les Premières Nations.
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