Pavillon Philippe-Lapointe post-COVID
« Rien n’a changé! », affirme un médecin
On le sait, les CHSLD ont vécu des histoires d’horreur lors de la première vague de la pandémie. Le Pavillon Philippe-Lapointe à Sainte-Agathe aurait été relativement épargné par le virus, mais comme à plusieurs endroits, il fait face, à ce jour, à une grave pénurie de main-d’œuvre et à de désolantes situations évitables.
Du moins, c’est ce qu’affirme le Dr Mathieu Guilbault, médecin généraliste à Sainte-Agathe. « Pendant la COVID, on a eu les préposés Legault qui sont venus nous aider, mais la rétention est très faible. On est retourné au ratio qu’on avait avant qui est de 5 préposés pour 120 patients la nuit avec une infirmière. […] Un préposé qui entre dans une chambre a 15 minutes pour lever le patient, faire sa toilette partielle et lui mettre son cabaret pour déjeuner. Il n’y a plus beaucoup d’humanité là-dedans et je pense que c’est la raison principale pour laquelle on a tellement de membres du personnel en arrêt de travail », soutient-il.
Triste cercle vicieux
Celui-ci remarque que depuis quelques années, les résidents en CHSLD sont en beaucoup plus grande perte d’autonomie et certains souffrent aussi de troubles cognitifs sévères. « Sur 14 patients, il y en a peut-être juste un qui est capable de se lever lui-même de son lit. Moins on a de personnel pour offrir une présence humaine, plus on a des patients agités et confus. Alors moi, je dois donner des médicaments. La COVID a nui, il y a eu un déconditionnement qui s’est aggravé et qui s’est accéléré sur nos patients. »
« En CHSLD, selon moi, le médecin devrait être la personne la moins importante. Je devrais être celui qui intervient le moins souvent. L’approche avec le préposé et le contact humain sont plus importants. Je trouve ça triste de brûler du monde (préposés) très intentionné et qui font leur maximum et qui ne sont pas capables d’accepter qu’ils donnent des soins de moins bonne qualité par manque de temps. »
Ce dernier raconte qu’il reçoit de nombreuses plaintes de la part des familles qui déplorent le traitement de leurs proches. Le Dr Guilbault confie qu’il croyait que la pandémie allait « amener un peu le spotlight sur la difficulté que les CHSLD avaient. Je croyais que le ministère avait pris conscience que ça ne marchait pas, mais là on voit que rien n’a changé, c’est un peu frustrant. »
Ce dernier souhaiterait voir une équipe stable de préposés pour bien cerner les besoins et surtout, offrir un contact humain plus grand.
Problème connu
Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides admet que la pénurie de main-d’œuvre est bien présente dans la région. « Le CISSS des Laurentides fait face à un manque de main-d’œuvre, et ce, principalement au nord de la région. En raison des ressources infirmières limitées, nous ajustons nos pratiques en tenant compte que nous avons des ratios diminués d’infirmières sur place. Nous nous assurons que ces ajustements n’entraînent aucun danger pour la santé ou la sécurité de nos résidents », soutient Marie-Christine Gareau, agente d’information au CISSS.
Elle précise également que « les soins et services qui sont donnés au Pavillon Philippe-Lapointe rencontrent tous les standards de qualité nécessaires. »
Le CISSS des Laurentides soutient poser plusieurs actions afin de minimiser les impacts de ce manque d’infirmières. « Nous avons notamment augmenté le nombre de préposés aux bénéficiaires sur chaque quart de travail afin de prêter main-forte aux équipes en place. De plus, comme tous les autres CISSS et CIUSSS de la province, nous travaillons très fort en ce qui a trait au recrutement afin de régler cette situation le plus rapidement possible. […] Nos équipes travaillent avec cœur et dévouement afin de retarder et de minimiser le plus possible le déconditionnement de ces personnes, notamment en veillant à leur hydratation, en effectuant un programme de marche auprès d’eux, en augmentant leurs activités de loisir, individuelles ou en groupe, etc. »
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