La médecine repensée au temps de la COVID-19
« À toute chose, malheur est bon », dit un proverbe. Il semble que dans le cas de la crise de la COVID-19, ce soit vrai en particulier pour la façon de pratiquer la médecine. Deux docteurs de la région trouvent bénéfiques certains changements imposés pour limiter l’épidémie.
Aux yeux du Dr Pierre Pilon, du Centre médical Saint-Jovite à Mont-Tremblant, une chose est certaine: l’épidémie de COVID-19 aura permis une plus grande rapidité dans le système de santé. « Comme les bilans de santé annuels sont reportés pour la plupart, on a pas mal moins de rendez-vous. Ceux qui nous appellent pour en avoir un, on les prend pour dans deux jours au lieu de dans deux semaines! », avoue-t-il.
Mais au-delà de cette crainte de contracter la maladie, un autre facteur explique une telle vitesse: la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ) a assoupli les règles, notamment l’obligation du médecin de rencontrer son patient en personne. « On réalise que quand on nous permet de poser des actes médicaux à distance, on est bien plus efficace. Il faut s’attendre à ce que ça reste, d’après moi, après la pandémie », croit le Dr Pilon.
Favoriser une plus grande autonomie
Son avis est partagé par le Dr Simon-Pierre Landry, médecin généraliste à l’urgence de l’hôpital de Sainte-Agathe. « Avec les règles qui ont été assouplies, ça fait moins de paperasse à remplir et ça nous rend plus efficaces sur le terrain, confie-t-il. C’est plate à dire, mais ça prenait une pandémie pour que les changements aillent plus vite! »
« Je souhaite que l’esprit d’initiative qu’on a vu ces dernières semaines dans nos établissements de santé, qui a permis de se retourner pour faire face à la crise, continue après la crise. »
-Dr Simon-Pierre Landry
Grand dénonciateur depuis des années de l’« inertie » du système de santé, le Dr Landry se dit très heureux, malgré les tristes circonstances, de voir la crise actuelle remettre celle-ci en question. « Ça ne bouge pas vite dans notre système de santé, on a beau brasser les structures, ça reste très rigide et on ne donne jamais aux gens sur le terrain l’autonomie dont ils auraient besoin pour mieux s’adapter aux situations et traiter plus rapidement les patients. Avec la COVID-19, les CISSS réalisent qu’il faut une plus grande agilité du personnel en cas d’imprévu », avance-t-il.
Plus de prévention
Le Dr Landry espère également qu’on apprendra du modèle créé pour mieux répondre à la crise de la COVID-19, pour faire davantage de prévention. « On a maintenant à l’hôpital une garde téléphonique pour les résidences pour aînés qui nous appellent et ont des questions en lien avec la COVID-19, on les réfère aux bonnes ressources. C’est quelque chose qui gagnerait à rester en place, selon moi », confie-t-il.
Il ajoute souhaiter que les mesures prises pour endiguer la COVID-19 soient appliquées chaque hiver pour mieux faire face aux saisons de la grippe et de la gastroentérite: report de chirurgies électives en période critique, redirection de l’urgence vers des cliniques spécialement désignées, etc.
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