Après deux ans à retourner la question, en même temps qu’ils s’épuisaient à faire double et triple emploi en cuisine et en restaurant, le couple a décidé de mettre la clé dans la porte. « On arrête plutôt que d’amoindrir la qualité de notre travail », disent-ils.

Les restaurateurs vont concentrer leurs efforts sur un nouveau concept de Traiteur et Chef à domicile. « Nous ne serons plus que nous deux, sans devoir compter sur personne d’autre », indique Frédérique Pironneau.

Le problème de la pénurie de main-d’œuvre est sur toutes lèvres en ce moment, à Mont-Tremblant et ailleurs au Québec. Toutefois, Olivier Tali affirme que la situation n’est pourtant pas tout à fait nouvelle.

« Dès 2007, j’ai un copain à Mont-Tremblant qui a fermé son restaurant à cause de la difficulté à trouver du personnel », souligne-t-il.

Un marché saturé

Une partie du problème provient d’une saturation du marché de la restauration à Mont-Tremblant, selon lui.  Avec moins d’établissements, le bassin de main-d’œuvre compétente serait moins dilué, pense-t-il. « Quand nous avons ouvert en 1999, il y avait 76 restaurants à Mont-Tremblant, on en compte maintenant 133 et il va s’en ajouter sept autres cet été.  C’est 13 000 places pour 10 000 habitants », explique le restaurateur.

Olivier Tali et Frédérique Pironneau disent avoir relevé cette situation il y a quelques années déjà. « Ce que l’on vit aujourd’hui, on le constatait à Saint-Sauveur il y a 20 ans. Ils ont mis 20 ans à se relever de cette situation », soulignent-ils.

Les restaurateurs notent par ailleurs moins d’engagement envers le travail chez la nouvelle génération d’employés. « Les plus jeunes employés ont des réticences à travailler les week-ends et les jours fériés. Ils ont également de la difficulté à accepter de ne pouvoir prendre de vacances à certaines périodes de l’année. Certains veulent partir au beau milieu de la saison haute et ils démissionnent sans préavis lorsqu’ils sont contrariés », souligne Frédérique Pironneau.

École et main-d’œuvre extérieure

Les écoles d’hôtellerie répondent plus ou moins bien aux besoins du milieu, ajoute Olivier Tali. « Les écoles sont rémunérées en fonction du nombre de diplômes décernés », dit-il en faisant valoir qu’il faudrait davantage tenir compte de la qualité des diplômés.

Dans un domaine comme la restauration, une solide formation en salle de cours doit s’accompagner de l’expérience acquise parallèlement en restaurant, croit par ailleurs Olivier Tali.

Le recrutement en dehors de la région immédiate se veut une bonne alternative auquel on a eu recours depuis belle lurette, mentionne Frédérique Pironneau.

Néanmoins, la rétention de cette main-d’œuvre est difficile. « Les gens s’ennuient. Les travailleurs de l’hôtellerie et de la restauration sont souvent en congé durant la semaine, mais il n’y a pas beaucoup d’activités à ces moments-là qui leur sont proposées dans la région, surtout sur le plan culturel», souligne-t-elle.

Le couple de restaurateurs souhaite que toute la communauté se penche sur la crise actuelle de la main-d’œuvre qui, ajoutent-ils, n’est pas unique à leur domaine. « C’est l’économie locale qui est en jeu », disent-ils.

 

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