La fin d’une époque à Huberdeau:le docteur Guy Rondeau prend sa retraite
« J’ai pris toutes les dispositions pour que mes patients soient pris en charge. Je peux maintenant me retirer tranquille ». C’est après cette ultime pensée pour ses patients que le docteur Guy Rondeau range définitivement son sarrau après 57 ans de service dans la région d’Huberdeau.
En compagnie de sa conjointe et assistante Céline Tassé – presque aussi connu que le médecin pour avoir été son bras droit pendant 46 ans – le docteur Rondeau a fait un détour par le bureau de L’Information du Nord récemment pour revenir brièvement sur sa mission de plus d’un demi-siècle dans la région.
« Je ne crois pas ressentir d’émotions particulières en mettant la clé dans la porte de mon bureau d’Huberdeau pour la dernière fois dans quelques jours. Le plus important pour moi était de ne pas laisser mes patients en plan. J’ai des patients âgés, on comprend que c’est difficile pour eux de se trouver un nouveau médecin après toutes ces années», a expliqué le médecin originaire de la région de Lanaudière.
Le docteur Rondeau, qui aura 87 ans au mois d’avril, a certainement appris à contrôler ses émotions. Certains de ses patients n’ont pas cette maîtrise. « J’en ai vu quelques-uns verser une larme en apprenant mon départ », a-t-il confié.
C’est après sa première année au grand séminaire, sur la voie de la prêtrise, que Guy Rondeau a réalisé que sa véritable vocation était de guérir les maladies physiques, plutôt que les âmes.
Orphelin de père dans une famille de 10 enfants dès l’âge de 11 aans, ce fils d’un modeste employé de compagnie ferroviaire a eu la chance d’avoir un frère aîné prêtre et grand bienfaiteur. L’aîné Jean-Marie Rondeau a permis au jeune intellectuel de faire des études classiques. Puis, Guy Rondeau s’est engagé dans la Réserve de l’armée canadienne pour payer ses études en médecine.
Huberdeau : où ça?
Jeune diplômé en médecine à l’esprit pratique, Guy Rondeau n’a pas choisi Huberdeau. « J’ai saisi la première chance qui s’est présentée. J’ai vu une annonce dans le journal Le Devoir et j’ai fait mes bagages », relate le médecin.
À vrai dire, il lui a d’abord fallu trouver Huberdeau, dont il n’avait jamais entendu parler, sur une carte.
«J’ai rapidement appris un nouveau mot en arrivant dans la région. Le mot « marquage ». Les gens faisaient marquer, mais ils oubliaient de payer», dit-il en riant.
Le jeune médecin ne s’en est jamais vexé. « J’étais aussi pauvre que mes patients », se rappelle-t-il à propos de ses premières années dans la région au début des années 1960.
« Je travaillais jour et nuit. Je recevais des patients dans mon bureau durant une partie de la journée et après je partais rendre visite à mes malades. Lorsque j’étais appelé chez un patient, je ne savais jamais à quoi m’attendre. Ça pouvait n’être pas grand-chose où le pire », se souvient-il.
Le jeune intellectuel qui avait passé le plus clair de sa vie sur les bancs d’école se retrouvait soudainement dans un milieu rural, agricole, parmi des fervents de chasse et de pêche.
À Rome, on fait comme les Romains. « Je me suis lié d’amitié avec un trappeur amérindien des environs. Il m’a montré à trapper et j’ai commencé à pêcher. Par contre, je n’ai jamais voulu de la potion magique qu’il m’avait donnée. Sans lui dire, je l’ai jeté. Je n’en aimais pas la couleur », raconte-t-il.
Cette capacité de prendre les habitudes du milieu lui a permis de se faire accepter rapidement. « J’ai fait ma place, mais certaines choses me manquaient, comme les journaux et les livres», mentionne-t-il.
Soutien d’un collègue
Le médecin dont le territoire s’étendait jusqu’à Saint-Sauveur, Morin-Heights, Harrington, Lachute, Lost-River, Saint-Rémi et même Chénéville manquait également du contact avec des confrères de sa profession. « Heureusement, il y avait le docteur Marc Ouimet à Saint-Jovite. Il m’a servi de mentor. Il m’a soutenu professionnellement, mais a aussi été d’un grand support moral. J’admirais son enthousiasme. Il était arrivé dans la région à la fin des années 1940 et il m’a aidé à mieux comprendre les réalités de la médecine en région», a-t-il relaté.
L’implantation de l’assurance-maladie : un point tournant
L’arrivée de l’assurance-maladie en 1970, a été un point tournant dans la carrière du docteur Rondeau. « Les gens consultaient davantage. Mais surtout, ils n’attendaient plus d’être très malades pour le faire », dit-il.
Au plan personnel, l’assurance-maladie a amélioré sa situation financière. « J’avais mis une croix sur des études poussées pour mes quatre enfants. Avec l’arrivée de l’assurance-maladie, j’ai pu leur payer des études et ils ont tous obtenu des diplômes », mentionne-t-il.
Au fil des ans, Guy Rondeau a pris racine dans la communauté avec son bureau sur la rue Principale à Huberdeau. Il n’a jamais songé à quitter la région. « Le plus difficile en région est de ne pas avoir accès facilement à des spécialistes », souligne-t-il.
Avec les années, le maintien des dossiers médicaux s’est complexifié. « Au début, j’avais de toutes petites fiches avec l’essentiel de l’information sur mon patient en tête. C’est pour ça qu’en 10 minutes on pouvait lui faire un diagnostic. Maintenant, les dossiers sont tellement compliqués que ça en prend 40. En plus, les patients sont beaucoup plus renseignés et exigeants », dit-il.
Pratique réduite depuis 2015
Le docteur Rondeau avait déjà commencé à réduire graduellement ses activités professionnelles en 2015. Il ne travaillait plus que trois jours par semaine, le temps de permettre à ses patients de se trouver un nouveau médecin.
En très bonne forme à 86 ans, tout comme sa conjointe Céline Tassé, le docteur Rondeau va être un retraité actif. « J’ai 200 acres de terrain boisé, un grand jardin à entretenir, 3000 livres dans ma bibliothèque à mettre en ordre. En ce moment, je dois aller à une pratique de chorale à Chénéville pour être prêt pour la messe de Pâques », mentionne-t-il.
Aussi, le samedi 14 avril, le docteur Rondeau et Céline Tassé auront le rôle d’honneur dans le cadre d’un 5 à 7 à l’hôtel de ville d’Huberdeau. Toute la population est invitée à venir partager un verre de l’amitié et entendre des témoignages de reconnaissance, des anecdotes et des tranches de vie de ce couple qui a servi la population locale durant plus d’un demi-siècle.
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