« On se demandait qui serait le prochain »
ARUNDEL - André Rousseau, résidant de La Minerve, n’a jamais oublié la journée du 1er juin 1944.
Alors âgé de 19 ans, il travaillait sur un lance-torpilles britannique, dans la Manche, entre la France et l’Angleterre. Vers 5 heures du matin, une explosion retentit: le bâtiment vient de heurter une mine. « La moitié de l’équipage est mort sur le coup », se souvient le vétéran, les yeux humides. Puis, vient une seconde explosion. Il faut sortir du lance-torpilles, et vite! L’eau y monte dangereusement rapidement.
Le jeune homme s’extirpe rapidement de la carcasse du navire par un petit trou, se fiant à la clarté visible pour s’orienter vers la surface de l’eau. Il émerge finalement à l’air libre…pour réaliser qu’il a laissé sa ceinture de sauvetage au fond! « Par chance, j’avais fait partie d’un club de nage à Montréal avant de m’enrôler. J’ai entendu des gens se plaindre, et j’ai pu nager jusqu’à eux. C’était deux hommes, avec des ceintures de sauvetage. Je me suis agrippé à eux, et nous nous sommes dirigés vers une chaloupe qui venait nous secourir. » En chemin, M. Rousseau aperçoit également un de ses compagnons, la tête sous l’eau. Il le retourne pour qu’il puisse respirer, puis les quatre hommes sont hissés à bord.
23 heures plus tard, les blessés atteignent l’Angleterre. Là-bas, M. Rousseau réalise qu’il est coupé partout, que ses jointures sont brisées et surtout, qu’il a les reins écrasés. Par chance, il a survécu, puisqu’il est ici pour parler de son expérience. Mais il a quand même dû rester à l’hôpital durant un mois et demi.
Le devoir de mémoire
Droit comme un chêne malgré ses 87 ans, cet ancien policier de Montréal, aujourd’hui à la retraite et coulant des jours tranquilles à La Minerve, semble en paix avec son passé. Mais en fait, c’est tout le contraire. « Je pense très souvent à ce qu’on a vécu, mais surtout, à ceux qui ne sont pas revenus. Ceux qui ont fait la guerre et disent que ça ne les a pas marqués, ce sont des menteurs! », lance André Rousseau. Même chose pour ceux qui prétendent n’avoir jamais eu peur sur le front.
Durant son service militaire, entre 1942 et 1946, le sympathique vieillard a été à la fois matelot sur les vaisseaux canadiens qui escortaient les navires marchands, puis commando spécial à bord de lance-torpilles britanniques. À chaque sortie, dit-il, son bateau revenait en Angleterre avec des blessés et des morts. Aussi, lorsque les soldats prenaient une bière entre eux, ils pensaient tous la même chose, mais ne le disaient pas. « On se demandait qui serait le prochain qui ne reviendrait pas », avoue M. Rousseau.
La marine canadienne a perdu quelque 230 000 soldats entre 1939 et 1945. C’est pour eux que, chaque année, l’ancien combattant revêt son uniforme et participe aux célébrations du Jour du Souvenir, comme celle du 9 novembre, cette année, à l’école élémentaire d’Arundel. Pour André Rousseau, le devoir de mémoire est très important. « Je fais campagne pour que ce qu’on a vécu se retrouve dans les livres d’histoire. J’ai peur que nos souvenirs se perdent à jamais », avoue-t-il. C’est pour quoi, lorsqu’ils voient des enfants honorer les vétérans lors du Jour du Souvenir, comme ceux d’Arundel, il ne peut retenir un grand sourire. « Notre jeunesse défendra toujours la paix si elle se rappelle ce que c’est, une guerre », conclut-il.
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