Dans son livre « Entre nous »
Aline Viens dévoile sa relation avec son père Jean-Pierre Viens
Le 7 mai 2020, Jean-Pierre Viens, homme aux multiples facettes artistiques, s’enlevait la vie chez lui, dans son atelier, laissant sa fille avec un sentiment d’échec et d’abandon. Pour tenter de traverser cette période de deuil, Aline Viens s’est lancée dans l’écriture d’"Entre nous", qu’elle qualifie d’exutoire et même de journal intime.
« J’ai toujours fait passer beaucoup de choses par l’écriture, c’est mon médium qui est le plus naturel avec ma personnalité. C’était un exutoire, une façon de traverser le deuil, même s’il n’est pas fini, car ça ne fait que 20 mois que papa est parti. Je suis loin d’en avoir terminé », explique Aline Viens.
L’autrice de Saint-Faustin-Lac-Carré pensait qu’en réalisant les volontés de son père, cela l’aiderait à avancer. C’est uniquement lorsqu’elle s’est mise à écrire cette histoire, qu’elle a ressentie une évolution. Aline Viens explique qu’elle a toujours su qu’elle écrirait un livre sur son père. Un père qu’elle a toujours admiré et trouvait fascinant. Elle avait débuté l’écriture de ce livre, plus jeune, avant de le laisser de côté parce qu’elle ne se sentait pas encore assez libre de le faire.
« On se ressemblait beaucoup, on est deux personnes têtues, avec nos opinions divergentes. Mon père avait une forte personnalité qui n’avait pas peur de s’exprimer et qui en imposait. J’avais commencé l’écriture en 2013, puis finalement, j’avais comme l’impression d’avoir trop de tabous. Je savais qu’un jour, je l’écrirais, même si je ne pensais pas que ce jour allait venir aussi tôt », raconte l’autrice.
Une correspondance importante
Son envie de reprendre Entre nous est venue lorsqu’elle est tombée sur une lettre provenant de M. Viens. Dans celle-ci, il lui faisait des commentaires sur son premier roman autobiographique Douleur d’enfant, paru en 2014.
« C’était tellement beau ce qu’il m’avait écrit. Ça m’a touché de relire cette lettre-là, et c’est d’ailleurs ça qui m’a donné le goût de reprendre ce livre sur mon père et de le terminer. J’avais tellement eu un sentiment d’abandon et d’échec à son départ que j’avais besoin de ça pour traverser mon deuil », raconte Aline Viens.
Si elle parle d’échecs, c’est principalement en raison de leur relation conflictuelle qui a débuté lorsqu’elle était enfant. En effet, à la suite d’un accident survenu en 1988, M. Viens a perdu son bras dominant et a dû abandonner toutes ses passions et son travail. De ce fait, de nombreuses répercussions au sein de sa famille ont eu lieu. « J’en suis venue qu’à la fin de mon adolescence, je suis partie de la maison pour le fuir, lui, parce que je lui en voulais et que je ne comprenais pas ce qu’il vivait. »
Quelques années plus tard, elle est retournée le voir et « à partir de ce moment-là, ça n’a plus jamais été pareil ». Tous deux, « maladroitement avec plein d’imperfections, mais jusqu’à la fin de sa vie », ils ont tenté de reconstruire leur relation père-fille. Ils ont refait des projets et ont entretenu une longue relation épistolaire. 50 lettres et mots provenant de son père figurent notamment dans Entre nous. Elle avoue qu’en relisant ces lettres, elle a eu « un nouveau regard sur cette relation-là ».
« Je n’en suis pas revenue de voir comment j’avais été aimée par cet homme-là, tout ce qu’il m’avait légué, l’héritage incroyable qu’il me laissait à un niveau humain, artistique, sensibilité. » – Aline Viens
« Les lettres, les mots, après le départ de quelqu’un, restent. Quand on relit tout ce que l’on s’est échangé, c’est comme si on se faisait dire une deuxième fois ces mots-là, puis ça a un impact différent. Surtout après le départ de quelqu’un », ajoute-t-elle.
Un duo d’écriture
Le processus pour écrire Entre nous a été long et fastidieux. Elle avait la sensation « étrange » de le faire avec son père comme si elle avait « l’impression de recevoir un peu ses réponses à travers les lettres ». Elle ajoute même que « tout s’est fait de façon naturelle. »
Dans Entre nous, le message principal est « de ne pas prendre pour acquis la présence de ceux qu’on aime et de mettre le temps et l’amour nécessaire sur nos relations. De dire ce qu’on veut dire à la personne pendant qu’elle est encore là, de faire ce que l’on veut faire avec elle pour ne pas avoir de regrets par la suite ».
Entre nous est disponible à la librairie Carpe Diem de Mont-Tremblant. Il est également possible de faire une demande de dédicace sur www.entrenousaline.com. À noter que la préface du livre a été rédigée par Nathalie Leclerc, la fille de l’auteur-compositeur Felix Leclerc, « l’idole de toujours » de Jean-Pierre Viens.
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