Urbanisme
L’avenir de la construction à flanc de montagne est incertain
À Mont-Tremblant, un processus de refonte du plan d’urbanisme est entamé. Dans cette optique, des propositions quant à un encadrement plus strict des constructions en fortes pentes font jaser.
La Ville de Mont-Tremblant a choisi de laisser sa population s’exprimer sur les modifications à apporter aux règles d’urbanisme. Déjà, trois consultations publiques – en virtuel – ont été tenues. Pendant celles-ci, le sujet des constructions à flanc de montagne, ou en « pentes fortes », a particulièrement attiré l’attention des participants. L’un d’eux a d’ailleurs souhaité nous en parler.
Éric Langevin ne cache pas être un développeur immobilier. Mais il insiste aussi sur son engagement envers sa communauté : « J’ai été conseiller municipal pendant huit ans, dans les années 1990, pendant l’arrivée d’Intrawest. » L’homme exprime avoir Mont-Tremblant tatoué sur le cœur. Sa famille y vit. Il est là depuis longtemps. Et c’est pour cela qu’il croit que tous devraient s’intéresser à l’impact des décisions qui seront bientôt prises quant aux constructions en pentes fortes.
Non construisibles
La proposition de départ des autorités municipales est d’interdire toutes constructions en pentes fortes, incluant les marges de recul, et ce, sans concessions. Afin de présenter l’impact d’une telle mesure, le Service de l’urbanisme a créé une carte des zones visées. Le résultat est disponible sur le site Web de la Ville sous le nom Annexe AA. Appliqué tel quel, plusieurs secteurs pentus deviendraient non construisibles.
« Empêcher les travaux en fortes pentes limite beaucoup une région comme la nôtre, qui est montagneuse », remarque Éric Langevin.
« L’objectif de la Ville n’était pas de rendre les terrains vacants non construisibles », assure en séance publique Geneviève Demers, directrice de l’urbanisme. Toutefois, elle convient que, malgré les allègements qui seront apportés, certains terrains deviendront en effet impropres au développement immobilier.
« Mais il faut penser à l’impact environnemental de ces constructions. » – Geneviève Demers, directrice du Service de l’urbanisme, Ville de Mont-Tremblant
Dans sa présentation, Mme Demers énumère les raisons qui motivent le contrôle accru des constructions en fortes pentes. L’exemple des dommages causés par les pluies diluviennes de juin dernier lui sert à illustrer les dangers auxquels on s’expose en négligeant l’impact des changements climatiques. Au-delà du lessivage des sédiments, elle invoque aussi la qualité de l’eau des lacs ainsi que la protection du paysage, des attraits qui donnent « le charme de Mont-Tremblant » et qui font à ce titre partie de l’économie locale.
Mitiger les problèmes
Éric Langevin est sensible à ces arguments. Toutefois, il propose de jeter en parallèle un coup d’œil, par exemple, du côté de Châtel en Haute-Savoie, une commune française jumelée à Mont-Tremblant. « Quand on regarde ailleurs, il y a des façons de mitiger les problèmes hydriques, afin de limiter le plus possible dans les endroits à fortes pentes l’érosion, et ça, sans mettre une règlementation massue comme celle qu’on propose », dit-il.
Dans une lettre, l’organisme citoyen Les Amis de Mont-Tremblant a lui aussi souligné que des pistes de solution sont à explorer du côté de l’innovation et des nouvelles techniques de construction. Pour eux, la protection de l’environnement doit toutefois rester au centre d’un développement responsable à Mont-Tremblant.
En ce qui concerne l’impact visuel, M. Langevin croit que certaines règles déjà en place, notamment en lien avec l’Annexe W, devraient être davantage « mises en force » avant de penser au bannissement des constructions à flanc de montagne.
« La Ville est parfaitement consciente de l’impact fiscal possible de cette mesure sur un certain nombre de propriétés », reconnaît Geneviève Demers lors d’une séance. Du même souffle, elle souhaite rassurer les gens sur l’intention des autorités municipales dans ce processus. Le conseil et les fonctionnaires modifieront la norme initialement proposée sur les constructions en pentes fortes, « à la lumière des commentaires reçus » lors des consultations publiques.
À propos de la refonte du plan d’urbanisme en cours
La Ville de Mont-Tremblant a entamé un processus de refonte de son plan d’urbanisme qui s’étendra jusqu’en 2024. Les instances municipales ont choisi d’impliquer la population dans cette démarche, en procédant à des consultations publiques sur les normes que l’on propose de modifier.
De prime abord, Éric Langevin, citoyen et développeur immobilier, félicite le conseil municipal pour cet effort de consultation de la population. « Maintenant, il ne faut pas prolonger la période d’incertitude créée par cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Par exemple, seriez-vous prêt à acheter un terrain demain matin, si on vous dit, dans deux ans tu n’auras peut-être pas le droit de construire dessus? Cette incertitude ne doit pas persister, mais il faut trouver des pistes de solutions. Et cela prendra du temps », dit-il.
« À la lumière des commentaires reçus ainsi qu’à l’impossibilité pour la majorité d’entre nous d’avoir accès aux différents documents de référence, Les Amis de Mont-Tremblant trouve inacceptable que la Ville n’accepte pas de déplacer la date limite comme demandé dans notre lettre au maire Luc Brisebois du 23 décembre dernier et de modifier son calendrier d’adoption des règlements proposés. »
« Je me range du côté des Amis de Mont-Tremblant, indique M. Langevin, qui eux aussi semblent dire à la Ville de prendre le temps de bien faire les choses. »
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