Mobilisation communautaire pour contrer l’itinérance

Publié le 19 janvier 2022 par Isabelle Houle

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Isabelle Houle

Rédactrice en chef | L'info du Nord Sainte-Agathe & Mont-Tremblant | ihoule@medialo.ca

La Halte chaleur, mise en place à Sainte-Agathe-des-Monts en période de pandémie, porte maintenant le nom de "La Croisée des Laurentides". Manifestement bien imprégné dans la communauté, cet organisme comble un grand besoin chez une population vulnérable, dont le visage a bien changé depuis les derniers mois.

L’équipe de La Croisée des Laurentides. (Photo Facebook)

Dernièrement, la région a connu une grande vague de froid. Les personnes itinérantes doivent trouver refuge ou une façon de dormir au chaud, pas une tâche facile. Heureusement, à La Croisée des Laurentides, neuf lits sont disponibles ainsi qu’un lit d’urgence. « Le besoin est terriblement là. Dans les faits, on a tout le temps dix personnes. En plus, depuis un bout, j’ai deux personnes dans la cour de La Croisée qui préfèrent dormir dans leur auto. Ils peuvent entrer manger, prendre une douche et socialiser », affirme la directrice de l’organisme, Nancy Ponton.

L’organisme offre également trois abris igloos isolés. « Ça garde 10 à 15 degrés de plus que dehors. Ils ne servent pas toutes les nuits, mais souvent le jour, des gens vont s’y reposer et se tenir au chaud », ajoute Mme Ponton.

L’organisme offre des abris pour protéger les gens du froid. (Photo Facebook)

Une année 2021 difficile

La dernière année aura été mouvementée pour La Croisée, qui a dû se relocaliser à quatre reprises. Servant de lieu de dépannage pour une population sans domicile fixe de plus en plus nombreuse et isolée, cette halte est devenue, en quelque sorte, un milieu de vie, où des liens se sont créés. Si bien que des gens de la communauté, des citoyens « ordinaires » ont voulu aider et viennent régulièrement porter des vêtements ou de la nourriture. De belles histoires d’entraide se racontent à cet endroit. Mais le gros problème demeure: des gens sont dans la rue. Beaucoup souffrent de troubles de santé mentale ou de toxicomanie, mais certains sont des travailleurs, simplement incapables de se loger.

« Je vois de temps en temps des travailleurs, des gens qui ont de « petits » emplois. […] Ce qu’il y a comme logis de disponible, c’est trop cher pour le salaire qu’ils font. Un moment donné, on ne peut pas mettre tout notre argent dans le loyer et ne plus pouvoir payer l’auto ou le cellulaire. On ne peut pas dire que c’est du luxe. Quand tu travailles dans des petites places comme Tim Hortons ou que tu es sur l’aide sociale, tu ne le fais pas, le tour du mois. En plus, dans la clientèle (vulnérable à l’itinérance), il y a des gens qui consomment, alors c’est un fardeau de plus », raconte Mme Ponton.

« Nous avons eu une année 2021 très mouvementée, mais ça démontre comment une équipe peut être forte et déterminée quand on a un objectif qui nous tient bien à cœur. On a fait ça avec des gens de cœur. La Halte chaleur (ancien nom), est partie d’un projet-pilote qui devait arrêter au mois de mai, mais c’est un besoin tellement concret dans la communauté », ajoute-t-elle.

Dorénavant, La Croisée tente d’offrir un refuge 24h/24h durant l’hiver, selon le personnel disponible pour permettre aux gens de rester au chaud le plus souvent possible. Le Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides (CISSSLAU), la MRC des Laurentides ainsi que l’État versent des subventions à La Croisée pour lui permettre d’ouvrir en tout temps. De plus, la dizaine d’intervenants œuvrant au sein de l’organisme collabore maintenant mieux avec la Ville de Sainte-Agathe. « Le but de changer de nom est d’officialiser notre présence. On est là pour rester. Ça nomme qu’on a une place dans la communauté. On n’est plus juste un lieu de dépannage », conclut Nancy Ponton.

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