Conflit d’usage autour du lac Fortier

Publié le 13 décembre 2021 par Véronique Piché

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Véronique Piché

Journaliste de l’Initiative de journalisme local | vpiche@infodunord.ca

Avec la pression immobilière et l’appel grandissant de la nature, la protection des lacs demeure un incontournable enjeu régional. Coup d’œil sur le cas du lac Fortier, situé à Mont-Tremblant.

L’Association de protection du lac Fortier souhaite protéger à long terme ce petit lac jugé fragile au développement par des spécialistes. Un résident considère qu’une faction de cette organisation agit au-delà de son mandat environnemental, comme si ce plan d’eau était « privé ». (Photo L’info du Nord – Véronique Piché)

Un résident du lac Fortier a interpellé ses élus. « Nous avons une association de lac très compétente pour tout ce qui est écologique – et qui gère ce dossier de main de maître. Mais à défaut d’encadrement depuis des décennies, l’association se comporte maintenant comme un mini-gouvernement », a déclaré Laurent Joyal lors de la dernière séance du conseil municipal de Mont-Tremblant.

Un petit lac

Avant d’aller plus loin, parlons du lac Fortier. Situé à Mont-Tremblant, dans les hauteurs près de la route 323, ce lac a une superficie d’environ 0,3 km². C’est un petit lac. Un rapport de suivi quinquennal avait conclu que son bassin versant est fragile, et que le développement à son pourtour pourrait engendrer une « forte réponse au niveau de la qualité des eaux ».

En marge du conseil municipal, Laurent Joyal soutient avoir un droit d’usage sur un terrain riverain. Ce même terrain est aussi un accès public appartenant à la Ville de Mont-Tremblant. Selon lui, certains membres de l’Association lui en veulent d’avoir réparé l’escalier d’accès à la berge. Il déplore aussi qu’on ait voté pour démanteler sa plateforme ainsi que pour exclure de l’organisation les non-riverains, dont il faisait partie. Il a l’impression qu’on cherche à « privatiser » le lac.

« S’uniformiser? »

Membre du Comité des lacs, la conseillère municipale Dominique Laverdure s’est saisie de ce dossier, une histoire qui se déroule dans son district. « Je souhaite rétablir le dialogue entre monsieur Joyal et l’Association, afin de trouver des solutions qui seront bonnes pour tous », dit-elle. Du même souffle, elle se questionne: pourrait-on aider les associations de lacs à s’uniformiser? Elle promet de se pencher sur la question.

Diane Roy, présidente de l’Association du lac Fortier, souligne que l’on suit les politiques et règlements de la Ville. Elle explique que la communication est assidue auprès des élus municipaux. Mme Roy n’a pas souhaité commenter le conflit avec Laurent Joyal. Toutefois, elle souligne que la communauté du lac Fortier est tissée serrée et que l’on respecte les usagers de l’accès public, même si une minorité d’entre eux est cause de nuisance. En ce qui concerne l’exclusion des non-riverains, elle explique que c’est une voie empruntée par plusieurs autres associations de lacs.

« À cause du développement fulgurant à Mont-Tremblant [on a dû agir], sinon ce sont les développeurs qui prennent le contrôle des associations de lacs », souligne-t-elle.

Aucune station de lavage des embarcations n’est présente à l’accès public du lac Fortier. Des affiches interdisent le stationnement sur un tronçon de l’étroit chemin de gravier. Outre le ramassage des déchets, l’Association surveille les lieux. C’est une responsabilité qui lui incombe, souligne la présidente. Une patrouille municipale serait d’ailleurs la bienvenue.

« La Ville nous dit de jouer à la police. » – Diane Roy, présidente, Association de protection du lac Fortier

Dans le dossier de la surveillance des plans d’eau, les associations de lacs – qui œuvrent bénévolement – sont un partenaire incontournable pour les municipalités. Leur contact est d’ailleurs étroit. À l’heure où la pression immobilière s’intensifie et que plusieurs dénoncent le manque d’accès aux plans d’eau, verra-t-on de plus en plus de cas comme celui du lac Fortier émerger?

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