Documentaire
Le premier grand scandale de sécurité industrielle à secouer le Québec
Le futur Centre d’interprétation historique d’Amherst présentera aux visiteurs le film documentaire "Les veuves blanches de la silicose", actuellement en tournage dans la région.
C’est une affaire qui est tombée dans l’oubli. Pourtant, une page de l’histoire sociale du Québec a été écrite dans les années 1940 dans le petit village de Saint-Rémi-d’Amherst. À cette époque, des hommes se sont littéralement tués à l’ouvrage dans une mine de silice. Ces mineurs respiraient des poussières qui leur pétrifiaient les poumons. La maladie industrielle responsable de la mort de plusieurs d’entre eux se nomme la silicose.
« La raison pour laquelle le film s’appelle Les veuves blanches de la silicose c’est que bien sûr, il y a eu le drame de tous ces mineurs morts de la silicose, mais de façon tout aussi importante, ce sont leurs épouses, et mères de famille, qui en ont été victimes », explique Bruno Carrière, cinéaste responsable du projet. En effet, ces femmes se sont retrouvées veuves, du jour au lendemain, sans revenu et avec absolument aucune indemnisation de la part, ni de la compagnie, ni du gouvernement.
Jean-Guy Galipeau, maire d’Amherst, est originaire de ce village. Il ne compte aucune victime de la silicose dans sa famille, mais reste sensible à l’évocation de ces événements. Il souligne la tragique histoire d’Exelus Chartrand, mort à 47 ans, dont deux fils âgés dans la vingtaine ont eux aussi succombé à cette maladie. D’ailleurs, la petite fille de cet homme, Ginette Lévesque, offre son témoignage dans le documentaire. Elle y parle de la difficile vie des veuves blanches.
Un scandale
L’historienne Suzanne Clavette, spécialiste de l’histoire industrielle du Québec du 20ème siècle, témoigne elle aussi dans ce film. Le cinéaste considère son apport essentiel à la compréhension de ce scandale de sécurité industrielle. Elle a par ailleurs écrit un ouvrage sur cette affaire. Un livre, diront certains, qui jette un « éclairage fascinant » sur ces événements ayant conduit notre société aux portes de la Révolution tranquille.
Grosso modo, une cinquantaine de mineurs sont décédés de la silicose sur une période de 10 à 15 ans. « Le village était perpétuellement recouvert d’une couche de poussière de silice, et les normes industrielles n’étaient pas respectées », relate Bruno Carrière qui a aussi pu bénéficier du témoignage de gens ayant vécu à cette époque. Certains étaient alors bien jeunes, mais les séquelles sont toujours vives.
« Ce sont vraiment des victimes du capitalisme sauvage de l’époque. »
– Bruno Carrière, cinéaste.
Guy Rocher, sociologue québécois de renom, participe à ce documentaire. Bruno Carrière souligne que ce « monument » a été sollicité pour décrire le contexte de cette époque, et non pas pour parler explicitement des mineurs de Saint-Rémi-d’Amherst. Par ailleurs, le cinéaste souligne que le pouvoir politique, la minière ainsi qu’une frange du clergé avaient ensemble étouffé l’affaire. Et quand la compagnie a réalisé qu’il n’y avait pas de retour en arrière possible au niveau de l’opinion publique, la mine a été démantelée en très peu de temps, et « ils ont sacré l’camp ». C’était à la fin des années 1940.
« Cette affaire est à l’origine de quelque chose de gros socialement au Québec, mais une des raisons pour lesquelles elle a été oubliée, explique Bruno Carrière, c’est que tout de suite après cette fermeture, il y a eu la guerre d’Asbestos. »
Burton LeDoux
Des séquences de fiction seront tournées à la fin août avec des comédiens de la troupe locale du Théâtre Entre Amis. Le cinéaste raconte que l’une de ces capsules donnera vie à un personnage important, soit Burton LeDoux, un journaliste franco-américain. À la fin des années 1940, ce dernier a participé à la campagne lancée par les Jésuites contre les maladies industrielles. L’homme a été aussi très actif sur le terrain à Asbestos, relate Bruno Carrière.
Le maire Jean-Guy Galipeau confirme que le film documentaire Les veuves blanches de la silicose sera présenté au public avant l’ouverture prévue à l’été 2022 du Centre d’interprétation. Ainsi, une présentation publique aura lieu à l’église d’Amherst quelque part en décembre. L’invitation sera lancée, en temps et lieu, avec beaucoup de fierté, promet-on, et d’émotions.
Il a dit…
« Il faut partir du principe que les gens qui vont s’asseoir pour regarder le film – qui sera montré en continu dans le centre d’interprétation du territoire, mais aussi dans d’autres contextes – qu’ils ne savent absolument rien là-dessus, ni sur qu’est-ce que cette maladie industrielle, ni sur le drame qui est arrivé. Ils ne savent rien. Donc c’est un travail de vulgarisation et d’exposition d’information. Il faut être précis dans les informations, mais aussi faire appel à la sensibilité, aux émotions et à l’empathie du spectateur. »
– Bruno Carrière, cinéaste du documentaire Les veuves blanches de la silicose.
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