Bas niveau des rivières cet été
L’eau potable, un enjeu majeur pour la région
On n’y pense pas, mais lorsqu’on ouvre le robinet à la maison, on met un stress sur les cours d’eau de la région. Si on ajoute à ce stress « normal » des épisodes de sécheresse, l’approvisionnement en eau potable pour certaines municipalités peut devenir un défi.
Parlez-en à Val-Morin. Lors des canicules survenues fin juin puis début juillet, la Municipalité a dû limiter la consommation d’eau de l’aqueduc pour quelques jours. Il faut dire que la vague de chaleur a justement provoqué une hausse de l’utilisation de l’eau potable, alors que les niveaux d’eau baissaient.
« On puise notre eau pour l’aqueduc dans la nappe phréatique de la rivière du Nord, explique Sonya Audrey Bonin, porte-parole de Val-Morin. On a créé un bassin-étang artificiel pour alimenter la nappe phréatique où, à partir de 18 prises d’eau, on prend notre eau pour la consommation humaine. Mais avec la surutilisation de l’eau pour remplir les piscines, arroser les jardins que nos citoyens sont plus nombreux à s’être fait cette année, conjuguée à l’arrivée début juillet de la communauté juive sur le territoire, qui est une grande consommatrice d’eau, il a fallu intervenir. »
Afin de limiter la consommation d’eau, la Municipalité a beaucoup utilisé les réseaux sociaux, son site web, en plus d’effectuer des appels téléphoniques et d’utiliser un haut-parleur en se promenant dans les rues pour diffuser le message.
Beaucoup de questions en suspens
La situation de Val-Morin n’est pas unique. Selon Marie-Claude Bonneville, directrice générale de l’organisme de bassin versant Abrinord, il faut s’attendre, avec les changements climatiques, à ce que des situations semblables soient de plus en plus fréquentes.
« On a beaucoup parlé des inondations après ce qu’on a vécu en 2017 et 2019, mais en fait, dans l’avenir, on s’attend à de plus grands écarts: plus de crues, oui, mais aussi plus d’étiages. On aura des moments dans l’année où le niveau des rivières sera au plus bas sur des périodes plus ou moins longues, et c’est sûr que ç’a aura un impact sur la consommation d’eau potable », avance celle dont l’organisme s’occupe de la gestion des eaux de la rivière du Nord et de ses nombreux tributaires.
Aucune municipalité au nord de Saint-Jérôme ne puise son eau dans la rivière du Nord, Saint-Adolphe-d’Howard s’approvisionne dans un lac et les autres, en eau souterraine. Or, il y a des échanges entre les eaux souterraines et les eaux de surface: les deux sont donc liées, selon Mme Bonneville. « Au début de l’été, le niveau de tous les cours d’eau était vraiment bas, c’était généralisé partout au Québec. Mais dans notre cas, est-ce que la rivière est basse en partie parce qu’on consomme trop d’eau dans la nappe souterraine qui l’alimente? On n’a pas de réponse, les données sont manquantes là-dessus », affirme-t-elle.
Étudier pour mieux comprendre
Il y a justement un projet en cours entre 6 MRC des Laurentides, une de Lanaudière et l’UQAM, pour cartographier les eaux souterraines dans nos bassins versants: le Projet d’acquisition de connaissances sur les eaux souterraines (PACES). Abrinord y collabore afin de pouvoir mieux planifier la gestion des eaux sur notre territoire. L’objectif est de préserver cette ressource et sécuriser notre approvisionnement en eau potable pour le futur.
« Il faut savoir s’il y a surconsommation d’eau dans la région, pour pouvoir agir en conséquence. »
-Marie-Claude Bonneville
Abrinord tenait récemment son assemblée générale de façon virtuelle. La surconsommation de la ressource en eau et l’état des milieux humides du bassin versant, la mauvaise qualité de l’eau de surface et l’érosion de berges, dont les impacts peuvent être amplifiés par les changements climatiques, y sont ressortis comme des enjeux prioritaires lors de la priorisation des problématiques du territoire.
Toutes les municipalités et MRC du bassin versant collaborent avec Abrinord sur ces dossiers. D’ailleurs, en matière de gestion durable des eaux de ruissellement, l’organisme accompagne déjà plusieurs municipalités et développe des outils de sensibilisation et d’aide à la décision.
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