Richard Gauthier entre au Temple de la renommée du patinage artistique
Le tremblantois d'origine Richard Gauthier n'aurait pu rêver d'un plus cadeau pour ses 55 ans. Le 21 janvier, jour de son anniversaire, il a été intronisé au Temple de la renommée du patinage artistique canadien, lors d'une cérémonie à Ottawa.
L’orgueil de Saint-Jovite durant les années 1970 et jeune prodige du patinage en couple devenu entraîneur de champions du monde, Richard Gauthier a consacré une bonne partie de sa vie à sa discipline.
«On m’a fait un grand honneur. C’était inattendu, il n’y a pas beaucoup de gens qui ont été admis comme entraîneur », a-t-il mentionné lors d’une entrevue téléphonique avec L’Information du Nord.
C’est un honneur qu’on n’aurait pu lucidement lui prédire à ses débuts modestes en patinage artistique.
Le jeune orphelin qui avait perdu son père à la suite d’un accident d’automobile à 11 mois (il a trois frères et sœurs) semblait plutôt prédestiné à une vie de labeur au quotidien pour gagner sa vie. Dès l’âge de 10 ans, il besognait déjà dans un restaurant local pour gagner un peu d’argent.
De patineur sur la bottine à champion
«Avec mes économies, j’ai voulu m’inscrire au hockey. Mais comme j’avais de la misère à me tenir debout sur mes patins, on m’a dit d’aller apprendre au patinage artistique», raconte-t-il.
Le garçon s’est avéré doué pour apprendre. «Richard patinait sur la bottine lorsqu’il s’est présenté au club de patinage artistique. Mais c’était un enfant très déterminé, très appliqué», relate sa mère Lilianne Gauthier.
D’autres ont remarqué ces qualités et, aussi, qu’il gardait sous cape une bonne dose de talent.
«Je me rappelle qu’à ma première compétition à Saint-Eustache, j’ai remporté la médaille d’or. Le journal local à Saint-Jovite avait mis ma photo en première page. Pourtant, ce n’était pas vraiment un exploit puisque j’étais presque seul dans ma catégorie…il y avait pas beaucoup de garçons qui faisaient du patinage artistique à cette époque. Mais moi, cet honneur, ça m’a encouragé à continuer», se rappelle le tremblantois.
Rapidement, on a constaté chez le jeune patineur un mélange de grâce et de force physique ce qui en faisait un bon candidat pour les épreuves en couple (où il faut soulever sa partenaire). Jumelé à Julie Brault de Saint-Jérôme, ils se sont imposés comme des étoiles montantes du patinage artistique. Ils ont été éventuellement couronnés champions juvéniles et juniors canadiens en couple.
«J’ai toujours souhaité être un entraîneur»
Peu de temps après la retraite de sa partenaire de patinage Julie Brault, Richard a choisi d’abandonner la compétition. Il a effectué une transition couronnée de succès vers l’enseignement de sa passion.
«J’ai toujours souhaité être un entraîneur. Dès mes débuts, j’étais un élève très studieux. Je prêtais beaucoup d’attention à la manière dont les entraîneurs s’y prenaient pour bien enseigner», dit-il.
Cette deuxième carrière lui a permis d’aider des dizaines de jeunes athlètes à se perfectionner dans leur discipline ainsi qu’à devenir de meilleurs adultes, ce en menant une existence palpitante.
«En accompagnant des athlètes dans des compétitions, j’ai voyagé à travers le monde. Je me suis fait un tas d’amis. Il y a un couple de patineurs polonais que j’ai entraînés qui se sont mariés et ils ont appelé leur premier enfant Richard», mentionne-t-il non sans émotion.
Richard Gauthier a aidé un grand nombre de jeunes sportifs. Deux d’entre eux l’ont payé en retour d’une consécration en tant qu’entraîneur. C’est le tremblantois qui a eu le flair de réunir Jamie Salé et David Pelletier, médaillés d’or et coqueluches des Jeux olympiques de Salt Lake City (2002).
«J’ai sans doute un certain talent comme entraîneur. Mais, il faut un élément de chance pour que son talent soit reconnu. Pour moi, c’est arrivé quand j’ai eu l’idée de réunir Jamie et David », relate-t-il modestement.
La touche magique
Quoi qu’il dise, Richard Gauthier démontre encore à l’heure actuelle qu’il possède réellement une touche magique. Il entraîne présentement un autre couple virtuose: les champions du monde Meaghan Duhamel et Eric Radford.
Le tremblantois demeure plus amoureux que jamais de son sport, même s’il constate que le manque d’entraîneurs qualifiés affecte la popularité du patinage artistique en couple.
«Il y a une pénurie d’entraîneurs. L’épreuve de danse est plus populaire chez les athlètes et chez les entraîneurs. C’est peut-être que l’épreuve en couple (qui demande de soulever sa partenaire) est devenue très exigeante physiquement. Les jeunes filles sont beaucoup plus grandes aujourd’hui qu’à mon époque. À 12 ou 13 ans, ce sont déjà des femmes de cinq pieds et cinq pouces ou plus », suggère-t-il.
«Je suis reconnaissant envers tellement de gens»
Richard Gauthier souhaite continuer à entraîner les jeunes patineurs et à les aider à devenir des adultes. En plus, d’entraîner des patineurs d’élite canadiens en couple, il œuvre également à l’école de patinage artistique de Saint-Léonard en compagnie notamment d’un collègue, ancien patineur auquel il a servi de mentor, Bruno Marcotte.
«Je suis reconnaissant envers tellement de gens, envers ma famille qui m’a appuyé, envers le village de Saint-Jovite qui a eu la vision de construire un aréna où j’ai commencé à patiner, envers mon premier entraîneur présent à mon intronisation à 72 ans, Thom Hayim, qui m’a entraîné pendant un an gratuitement à mes débuts parce que nous n’avions pas d’argent pour le payer, envers toute la communauté de Saint-Jovite qui avait créé la Fondation Lame d’Or pour me permettre de participer à des compétitions, envers tous les gens formidables que j’ai côtoyés dans mon sport », conclut l’immortel du patinage artistique.
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