Marie-Anne Lacasse et Marcelline Harvey dénoncent une telle dégradation qui s’est traduite par le bain hebdomadaire, qui devient aux 10 jours dans certaines périodes et des attentes pouvant aller jusqu’à une heure pour de l’aide afin d’aller aux toilettes.

«Depuis mon arrivée ici il y a presque dix ans, j’ai vu les services dépérir», soutient Mme Lacasse.

En plus, les résidents présentent des cas de santé de plus en plus lourds, renchérit Marcelline Harvey.

Dans une rencontre avec TC Media, en présence de la présidente du comité des usagers des Sommets Jacinthe Normand,  les résidentes ont néanmoins souligné «le grand dévouement» des préposés aux bénéficiaires et de tout le personnel du CHSLD de Mont-Tremblant, «des personnes de coeur», ont-elles insisté.

Les deux résidentes disent en contrepartie avoir constaté le grand épuisement et le découragement du personnel.

«Il y en qui partent en congé de maladie presque toutes les semaines», mentionne Marie-Anne Lacasse.

Le point bas cet été

Selon les deux résidentes, la situation a atteint son point bas l’été dernier. L’effet combiné de la période de vacances et des nombreux congés de maladie a fait en sorte que le personnel en place n’était plus capable de répondre à la demande.

Marie-Anne Lacasse ne s’étonne pas, même si elle en est très inquiète, de lire dans ce contexte que peu de jeunes étudient pour devenir préposés. «Quand les jeunes prennent connaissance de la situation dans les CHSLD, on ne peut se surprendre qu’ils ne veulent pas y faire carrière».

Les résidents sont otages de la situation. Quelques-uns trouvent quand même le courage de dénoncer la situation.

C’est le cas de Marcelline Harvey qui a entrepris des démarches auprès de la Commissaire aux plaintes du CISSS des Laurentides pour recevoir deux bains par semaine.

La résidente en fauteuil roulant atteinte de sclérose en plaques a essuyé un refus. Mme Harvey fait maintenant appel auprès du Protecteur du citoyen du Québec.

Les deux résidentes constatent que, dans le présent contexte de compressions, elles mènent une bataille perdue d’avance. Elles croient que toute amélioration notable des services passe par une augmentation des budgets qui permettrait d’embaucher plus de personnel compétent.

LETTRE OUVERTE ÉCRITE PAR MARIE-ANNE LACASSE AU SUJET DE LA SITUATION AU CHSLD DE MONT-TREMBLANT

Ça fait longtemps que je me retiens, mais là, j’ai le goût d’ouvrir mon cœur.

Les travailleurs donnent beaucoup, même s’ils sont retenus pour faire du temps supplémentaire, ils font de leur mieux.

Mais c’est fini, j’ai le goût de dire les vraies affaires. Ça devient inquiétant pour nous, avec tout ce qui se passe présentement.

Heureusement qu’il y a encore des personnes de cœur, malgré les heures supplémentaires, ils font leur travail de leur mieux, même se elles sont épuisées.

Ce n’est pas rare d’attendre une heure pour des soins, ce n’est pas de leur faute. Il y a beaucoup de découragement.

Ce n’est pas étonnant qu’il y ait de l’épuisement professionnel.

C’est inacceptable…

C’est beau d’être tolérant, mais ça n’a plus de sens. Les résidents n’ont pas choisi d’être dans un CHSLD, les familles sont de plus en plus inquiètes.

Ceux qui décident de couper le personnel devraient faire leur travail pendant seulement une semaine, ils verraient comment c’est dur de tout faire…en fin de compte, ce sont les résidents qui payent toujours…

Où est-ce que ça va s’arrêter? Attendez-vous qu’il arrive un accident fâcheux? Vous allez nous dire que vous êtes désolés…c’est maintenant qu’il faut agir avant que ça arrive.

P.S. Il y a de moins en moins de relève, les jeunes ne veulent pas travailler dans de telles conditions…donc, pour donner le goût d’apprendre et de travailler auprès des résidents, il faut que ça change…

Marie-Anne Lacasse

Résidente du CHSLD de Mont-Tremblant

 

RÉPONSE DU CISSS DES LAURENTIDES

Selon le CISSS des Laurentides :«Pas de détérioration de la qualité des services»

Il n’y a pas détérioration de la qualité des services au CHSLD de Mont-Tremblant, soutient le CISSS des Laurentides.

Au contraire, le centre d’hébergement de Mont-Tremblant est cité par le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec pour ses bonnes pratiques desquelles s’inspirer, affirme l’agente d’information Myriam Sabourin.

Le MSSS s’est rendu récemment à Mont-Tremblant afin de documenter les bonnes pratiques qui y ont cours et les exporter dans d’autres centres d’hébergement, précise Mme Sabourin.

Cette dernière confirme néanmoins la «situation difficile» rencontrée cet été au CHSLD de Mont-Tremblant. Les vacances, de même que les congés non liés à des cas d’épuisement, a-t-on précisé, a exigé beaucoup du personnel en place.

Le CISSS a immédiatement réagi à la situation en mettant en place plusieurs mesures, dont le recours à du personnel d’autres établissements. En aucun cas, les résidents n’ont souffert de la situation, assure-t-on, même si les bains ont pu être devancés ou repoussés dans certains cas. Le bain a toujours fini par être donné, soutient-on.

Depuis le mois de septembre, la situation est revenue à la normale, indique l’agente d’information du CISSS. À la suite de la situation qui a prévalu durant l’été l’organisme a effectué un exercice d’analyse pour faire en sorte d’éviter une répétition dans l’avenir.

Pas avisé de délais

Par ailleurs, le CISSS des Laurentides n’a pas été avisé de délais indus dans les temps de réponses «aux cloches», expression utilisée pour les appels pour les salles de bains, selon l’agente d’information Myriam Sabourin.

«C’est une question que le CISSS des Laurentides prend très au sérieux. On va voir l’audit prochainement et analyser les temps de réponse», souligne-t-elle.

Sur une autre question soulevée par les résidentes du CHSLD de Mont-Tremblant ayant trait à la relève chez les préposés aux bénéficiaires, l’agente d’information précise par ailleurs qu’il y a une relève chez les jeunes. Elle reconnaît néanmoins que le recrutement «représente un enjeu».

 

 

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