Vous n’aimez pas les chevreuils… nourrissez-les!
FAUNE - Vous n'aimez pas les chevreuils? Alors nourrissez-les! Michel Hénault, biologiste au Ministère des forêts, de la faune et des parcs (MFFP) est tout à fait d'accord avec cette paraphrase du titre d'un article de Louis-Gilles Francoeur paru dans "Le Devoir" en décembre 2008 («Vous ne les aimez pas? Nourrissez-les!»).
Le problème est surtout leur nourrissage hivernal, estime le spécialiste qui fait la différence entre “nourrissage à des fins récréatives” et “appâtage en période de chasse autorisée”.
« Au départ, les gens qui le font sont de bonne foi », continue-t-il. « Cependant, nourrir un animal sauvage peut avoir des impacts très négatifs, d’abord pour la bête. On croit que la nourriture servie dans les mangeoires est bonne pour le chevreuil. J’ai déjà vu une dame se débarrasser de ses restants du temps des Fêtes de cette façon! Les gens ignorent que la nature veut que l’hiver, un cerf ait la flore intestinale appropriée pour digérer une nourriture pauvre en protéines, faite de broussailles ou de ramilles, mais pas des fruits ou des légumes.
L’été, cette même flore intestinale change: elle est alors adaptée pour la digestion de végétation verte comme les feuilles ou les jeunes pousses forestières, donc pour une nourriture beaucoup plus riche. Ainsi, donner par exemple des carottes à un chevreuil l’hiver est très néfaste à sa santé. »
Maladies ou virus
M. Hénault énonce ensuite certains autres impacts négatifs du nourrissage l’hiver: la concentration du nombre de chevreuils aux mangeoires favorise une détérioration de leur habitat et de celui de l’humain, comme on l’explique plus bas. Le surnombre de bêtes est en outre propice à la transmission entre elles de maladies ou de virus. Leur comportement devient aussi différent de celui qu’ils ont en forêt l’été, où on a rarement vu deux chevreuils se battre pour un arbuste à brouter.
Comme les animaux s’habituent aux mangeoires et s’y rendent en grand nombre, la quantité de nourriture deviendra insuffisante. Les bêtes jetteront alors leur dévolu sur les haies de cèdre, jardins d’hostas, pommiers, arbustes et autres ornements d’aménagement paysager payés à fort prix par un voisin qui n’est pas du tout adepte du nourrissage, mais qui en subira pourtant les coûteuses conséquences.
Il y a aussi un impact sur la sécurité routière. Les cerfs de Virginie se rapprochent des habitations, donc du réseau routier. Les risques de collisions sont bien réels. Certaines peuvent coûter la vie non seulement à l’animal, mais aussi à l’humain, conducteur ou passager.
« Rappelons-nous que c’est normal pour un cervidé d’être gras l’automne et maigre au printemps », de terminer le biologiste Michel Hénault. « Cet animal est naturellement adapté à ce cycle-là. »
Règlements contre le nourrissage
Certaines municipalités des Laurentides réglementent – voire interdisent – le nourrissage des animaux sauvages, dont le cerf de Virginie, notamment la Ville de Rivière-Rouge (règlement 208), et la municipalité de La Macaza (règlement 2010-056), toutes deux de la MRC d’Antoine-Labelle.
Dans ces deux municipalités, les contraventions peuvent devenir salées: elles varient de 300 $ pour une première infraction, à 4 000 $ en cas de récidive si le contrevenant est une personne morale, sans compter les frais de la poursuite.
Dans la MRC des Laurentides, la municipalité de La Minerve interdit elle aussi le nourrissage de cervidés dans certains secteurs de la municipalité. Dans les autres municipalités contactées par L’Information du Nord à cet effet – Sainte-Agathe-des-Monts, Mont-Tremblant, Val-David et Val-Morin – on s’en tient pour l’instant à des communiqués et des campagnes de sensibilisation auprès des citoyens pour déconseiller cette pratique. Il en va autrement pour le nourrissage d’oiseaux sauvages où cette pratique est interdite à proximité des plans d’eau, comme le veut par exemple le règlement municipal 575 à Val-Morin.
Collisions véhicule-chevreuil
Offrir de la nourriture à des animaux sauvages a aussi pour pernicieux effet de les rendre moins méfiants de l’humain et de la circulation automobile. Attiré par une bouffe gratuite, un cerf de Virginie peut surgir à tout moment d’un buisson bordant une route, avec le résultat qu’on voit malheureusement trop souvent.
Bilan du nombre de tels accidents déclarés à la SAAQ pour le seul secteur Mont-Tremblant:
2014 : 87
2013 : 71
2012 : 68
2011 : 70
2010 : 39
Pour tout savoir sur le nourrissage artificiel des cerfs de Virginie l’hiver, consulter http://bit.ly/1Lcsa28.
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