Mario Tessier : rire de tout, même des tabous

  • Publié le 23 sept. 2025 (Mis à jour le 23 sept. 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Mario Tessier sera en spectacle dans la région le 24 octobre. (Photo gracieuseté Julien Faugère)
Mario Tessier sera en spectacle dans la région le 24 octobre. (Photo gracieuseté Julien Faugère)

Le 24 octobre 2025 à 20 heures, Mario Tessier présentera son spectacle Champion au Patriote de Sainte-Agathe-des-Monts. Contacté en plein cœur de l’été, alors qu’il enchaînait les rendez-vous professionnels, l’humoriste a accepté de se confier à propos de ce troisième « seul en scène », qu’il décrit comme l’un des plus personnels de sa carrière.

Mario, qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce spectacle ?
C’est mon troisième spectacle solo et le cinquième de ma carrière, en comptant ceux des Grandes Gueules. La scène, avec la radio, c’est l’endroit où je suis le mieux d’où l’écriture de ce nouveau spectacle. J’ai longtemps évolué en duo, mais après deux tournées en solo, j’ai vraiment trouvé mon identité sur scène. Champion, c’est le spectacle dont je suis le plus fier. Il est nourri d’autodérision et surtout de ma propre vie : parfois, après une belle réussite, tu te sens comme un vrai champion. Et puis, d’autres fois un peu moins…

Donc le titre, c’est un équilibre entre fierté et autodérision ?
Exactement. Par exemple, si Connor McDavid marque un but en prolongation à la Coupe des Nations : là tu dis « Bravo champion ». Puis, deux heures plus tard, tu vois un gars coincé dans le trafic, qui déménage un matelas sur son auto sans l’attacher et qui le tient à la main à travers la fenêtre… et tu dis aussi « Bravo champion ». Moi, je suis plus souvent dans cette deuxième catégorie, mais vaut mieux en rire.

Mais alors, de quoi parle concrètement le spectacle ?
Je parle de plein de sujets : mon aversion pour la technologie, les chocs de générations… Je suis moi-même des années 1970 et j’aime par exemple taquiner la nouvelle génération. J’aborde aussi la mort, et plus précisément l’industrie de la mort. J’ai perdu ma mère il y a deux ans et je me suis rendu compte que mourir coûte de plus en plus cher. C’est un numéro drôle, grinçant, mais libérateur. J’ai également un passage sur la colonoscopie, déjà remarqué par la critique. Bref, c’est un 90 minutes qui passe en un éclair et qui me rend fier.

Comment fait-on rire avec des sujets aussi lourds ?
Tout est une question d’angle. Faire des blagues, c’est mon métier depuis 30 ans, mais ce qui compte, c’est de trouver la bonne approche. Je ne suis pas le premier humoriste à parler de la mort, mais j’ai trouvé un angle personnel. J’ai dû gérer le dossier de ma mère comme délégataire testamentaire et j’ai constaté que cette industrie profite de la vulnérabilité des familles pour leur vendre des choses dont elles n’ont pas besoin. J’ai donc écrit un numéro pour en rire et pour dénoncer. Ce n’était pas facile, car parfois j’avais l’impression d’aller trop loin, mais j’ai fini par trouver l’équilibre qui fait passer un message tout en amusant.

C’est donc un spectacle plus personnel que les précédents ?
Oui, parce qu’en stand-up, on parle de ce qu’on vit. Tout le monde affronte les mêmes choses, mais à des degrés différents. Champion parle d’un gars de 54 ans qui tente de rester à flot dans une société qui change vite. J’y mets aussi ma vie de père de trois filles de 34, 23 et 18 ans. Grâce à elles, j’ai toutes les générations autour de moi. Ce spectacle reflète donc notre époque et la manière dont je tente de m’y adapter. Et cette formule semble fonctionner quand je vois les retours que j’ai du public.

Dans ces réactions, qu’est-ce qui vous touche le plus ?
Les plus beaux commentaires et les plus belles critiques viennent des spectateurs. Quand on me dit : « J’ai eu l’impression de passer la soirée avec un ami qui m’a fait rire, réfléchir et m’a touché », je me dis que j’ai bien fait mon travail.

L'humoriste Mario Tessier sur scène
Photo gracieuseté Julien Faugère

Entre la scène, la radio et la télé, qu’est-ce qui vous apporte le plus ?
J’aime parler aux gens, peu importe le médium. La scène et la radio resteront pourtant toujours mes deux bébés, car il y a un contact direct, une spontanéité unique qu’on ne retrouve pas forcément à la télévision. Sur scène, même si le texte est le même, chaque soir est différent, parce que c’est d’abord une rencontre avec le public.

Avez-vous une relation particulière avec public des Laurentides ? A-t-il quelque chose de particulier ?
(Rires) J’ai toujours l’impression que dans les Laurentides, les gens sont toujours en vacances. Cette région est si belle et si tournée vers la nature que les gens d’ici sont, selon moi, beaucoup plus relaxes que dans les grands centres urbains. Quand je joue là-bas, je sens cette énergie positive dans la salle.

Aujourd’hui, vous sentez-vous vous-même un « champion » ?
C’est cliché, mais mes enfants me permettent de me sentir champion. Certaines journées, on doute, on n’est pas forcément très fier de soi, mais quand je me retrouve, par exemple, à table alors d’un souper avec mes filles et que je vois à quel point elles ont avancé dans leurs vies d’adultes, je me dis que c’est ma plus belle réalisation. Et puis, je suis fier d’être toujours présent, après 30 ans de carrière.

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