Des ateliers de vérité et de réconciliation à Val-David

  • Publié le 4 oct. 2024 (Mis à jour le 22 mai 2025)
  • Lecture : 3 minutes

Dès son arrivée à l’école, Éliane Kistabish est accueillie par un groupe d’enfants qui la reconnaissent immédiatement. Les élèves s’approchent d’elle avec enthousiasme, certains lui font même des câlins en la saluant d’un chaleureux « Kwe-Kwe », une manière de dire bonjour dans le vocabulaire de plusieurs Premières Nations.

Une histoire familiale

Éliane Kistabish est issue de la communauté Anishinaabe de Pikogan, en Abitibi-Témiscamingue.  « Je suis la fille d’un survivant. Mon père est allé au pensionnat à l’âge de neuf ans. Avant cela, il vivait dans la forêt avec sa famille, dans un mode de vie traditionnel. Quand il a été envoyé au pensionnat, il n’a pas vu ses parents pendant toute l’année. », se confie-t-elle.

Éliane Kistabish a grandi à Amos, en dehors de la communauté, et a toujours ressenti un profond lien avec son héritage autochtone. Aujourd’hui, elle travaille comme formatrice aux dossiers autochtones à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), où elle contribue à éduquer et sensibiliser un public plus large aux enjeux des Premières Nations.

Éliane Kistabish
Photo Médialo – Gabrielle Sarthou

Des ateliers au cœur de l’apprentissage

Les ateliers animés par Éliane Kistabish à l’école Sainte-Marie permettent aux enfants de découvrir une partie essentielle de l’histoire des Premières Nations. « Quand je me présente dans les classes, je leur explique ce que sont les Premières Nations, puis je leur enseigne quelques mots : Kwe (bonjour), Mik8etc ! (prononcé Migwetch) (merci). Je leur fais aussi découvrir des objets traditionnels et je partage avec eux des légendes, comme celle de l’île de la tortue », explique-t-elle.

Ce moment de partage est souvent suivi par des retours positifs, non seulement de la part des élèves, mais aussi des parents. « Il y a des parents qui me disent : “Merci d’être allée dans la classe de Camille”, et ça fait vraiment plaisir de voir que mon message résonne aussi dans les familles. C’est motivant de continuer et de peut-être élargir ces ateliers à d’autres écoles, même si je dois jongler avec ma réalité de maman. »

Le projet du chandail orange

Le symbole du chandail orange est important pour Éliane Kistabish. « J’ai acheté à mon fils, Maïkan, quand il était en maternelle, le livre « L’histoire du chandail orange » de Phyllis Webstad. Ce livre raconte l’histoire d’une survivante des pensionnats qui, lors de son premier jour d’école, s’était fait confisquer un chandail orange que sa grand-mère lui avait offert. Cette histoire est devenue un symbole de la réconciliation. »  Le chandail orange est vu au Canada, comme un moyen de commémoration et de guérison.

La série « 8e feu »

Éliane Kistabish   raconte qu’elle a été particulièrement marquée par la série documentaire 8e feu, diffusée par Radio-Canada. Elle se souvient d’un épisode où une thérapie de groupe est organisée pour des personnes ayant des préjugés envers les Autochtones : « Ils avaient de gros, gros préjugés, mais en fait, c’est de l’ignorance. Ils ne connaissaient pas notre histoire ni nos réalités. Lors de cette thérapie, le formateur leur explique la Loi sur les Indiens et les droits limités des peuples autochtones. C’est là que les visages commencent à changer, qu’ils réalisent l’injustice de la situation. »

Ce moment a été déterminant pour Éliane Kistabish. « Quand j’ai vu ça, je me suis dit qu’il fallait plus de monde qui fasse ce genre de travail. Parce que la vraie histoire du Canada, on ne l’apprend pas nulle part », raconte-t-elle.

Une vague de changements depuis 2015

Éliane Kistabish observe que la Commission de vérité et réconciliation, qui a présenté ses conclusions en 2015, a marqué un tournant dans la reconnaissance des souffrances des peuples autochtones au Canada. « Avant, on vivait en parallèle sans vraiment se connaître. Mais depuis 2015, il y a eu une vraie vague de changements.»

Elle précise cependant que malgré ces avancées, beaucoup reste à faire. « Il y a encore des communautés qui souffrent énormément, notamment dans le Grand Nord, où les taux de suicide sont parmi les plus élevés au monde. La guérison est longue, très longue. Il faudra plusieurs générations pour effacer les traces de cette violence, même si on ne l’a pas vécue directement, comme c’est mon cas », exprime-t-elle.

Des ressources pour approfondir ses connaissances

Éliane Kistabish encourage ceux qui souhaitent en savoir plus sur les réalités des Premières Nations à consulter différentes ressources culturelles et éducatives. Voici quelques recommandations qu’elle propose :

  • Le balado « De remarquables oubliés » : Serge Bouchard raconte la vie de personnages autochtones méconnus, mais essentiels dans l’histoire de l’Amérique.
  • Le documentaire « Kanehsatake : 270 ans de résistance » : Alanis Obomsawin revient sur la crise d’Oka et l’affrontement armé entre les Mohawks, la Sûreté du Québec et l’armée canadienne.
  • La série « Laissez-nous raconter» : Les 11 Premiers Peuples du Québec et du Labrador partagent leurs visions du monde, leurs valeurs, leurs légendes et leurs espoirs.
  • Les romans de Michel Jean, auteur innu qui aborde les thématiques autochtones à travers ses œuvres littéraires.
  • La section Premières Nations sur TOUT.TV : Une vaste sélection de documentaires et de films qui abordent les réalités autochtones.

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